La victoire sans précédent que représente pour le régime la reprise totale de la deuxième ville de Syrie n'aurait pas pu avoir lieu sans l'engagement militaire de son allié indéfectible, la Russie.
Son président Vladimir Poutine a estimé vendredi que la reprise d'Alep était un "pas très important" vers le règlement d'un conflit qui a fait plus de 310.000 morts depuis 2011.
L'armée syrienne avait annoncé jeudi soir la reprise de la moitié de cette ville qui lui échappait depuis juillet 2012, après une offensive dévastatrice d'un mois qui a abouti à l'évacuation de dizaines de milliers de résidents et d'insurgés vers des régions rebelles du nord du pays.
L'évacuation a été menée en vertu d'un accord parrainé par la Turquie, principal appui des rebelles, la Russie et l'Iran, autre grand allié du régime.
Vladimir Poutine a appelé son homologue syrien Bachar al-Assad pour le féliciter de la "libération" d'Alep, tout en précisant que l'objectif était maintenant de parvenir à un "règlement pacifique du conflit, notamment en trouvant un accord général", selon le Kremlin.
De son côté, le président Assad a assuré que "la victoire à Alep ouvrait la voie à un processus politique en Syrie", selon la présidence syrienne.
Vendredi matin, les forces gouvernementales ont pénétré dans trois ex-bastions rebelles, Soukkari, Zabdiyé et Al-Machad, où elles n'avaient plus mis les pied depuis quatre ans, selon un correspondant de l'AFP.
Les soldats étaient à la recherche d'explosifs et de mines laissés par les rebelles. Dans la matinée, ils ont terminé leurs opérations de ratissage sur les grandes artères mais poursuivaient leur avancée dans les rues adjacentes.
'Il ne reste rien'
Par ailleurs, plusieurs centaines d'hommes de la police militaire russe ont été déployés jeudi soir pour assurer la sécurité à Alep, selon Moscou.
Cependant, des tirs de roquettes rebelles sur Alep -- les premiers depuis l'annonce de la reprise de la métropole par le régime -- ont tué au moins six civils, dont deux enfants, selon l'OSDH.
Et dans la soirée, des raids aériens ont visé les territoires rebelles à l'ouest d'Alep tuant trois combattants rebelles, sans qu'il ne soit possible de savoir s'ils étaient le fait de l'armée syrienne ou russe, selon la même source.
Dans un quartier totalement ravagé près de la Vieille ville, Boustane al-Qasr, des petits bulldozers ont retiré en matinée les gravats des rues, selon un correspondant de l'AFP.
Dans un froid glacial, il a vu des civils emmitouflés poussant des brouettes remplies de leurs maigres affaires afin de retrouver leur domicile, où ils n'étaient pas revenus depuis des années.
"Je suis venu retrouver ma maison (...) j'ai été forcé de déménager en raison de l'intensité des combats", a confié à l'AFP Khaled al-Masri. "J'espère que mon appartement n'a pas été trop endommagé", a-t-il ajouté.
Oum Abdo était elle effondrée après avoir découvert son domicile détruit dans le quartier d'Al-Mayssar. "Il ne reste plus rien de ma maison", a déploré cette femme de 42 ans.
Après le départ jeudi des derniers convois d'insurgés et de civils, l'armée avait annoncé "le retour de la sécurité à Alep".
"L'objectif de faire tomber le régime a échoué", a estimé de son côté Hassan Nasrallah, le chef du puissant mouvement chiite libanais Hezbollah, réagissant à la prise d'Alep. Son organisation combat aux côtés du régime depuis presque le début du conflit.
Situation 'douloureuse'
Les opérations d'évacuation, lancées le 15 décembre et supervisées par le Comité international de la Croix-rouge, ont permis la sortie de 35.000 personnes de la dernière poche rebelle d'Alep, selon le CICR.
"Les familles ont lutté pendant des mois pour se protéger, trouver de la nourriture, des soins médicaux ou des abris", a indiqué dans un communiqué la représentante du CICR en Syrie, Marianne Gasser.
"Elle semblaient vouloir partir désespérément, même si la situation est extrêmement douloureuse", souligne le CICR.
Outre les bombardements, la population d'Alep-Est, estimée avant l'offensive des forces prorégime à 250.000 personnes, subissait un siège asphyxiant depuis le 17 juillet, souffrant d'une pénurie quasi totale de nourriture, de médicaments et de carburant.
Parallèlement aux départs à Alep, 1.200 personnes ont également été évacuées des deux villages chiites prorégime de Foua et Kafraya, assiégés par les rebelles dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon le CICR.
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, le conflit syrien s'est complexifié au fil des années avec l'implication de multiples belligérants, dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI), ainsi que de puissances régionales et internationales.
Dans le centre du pays, au moins 27 soldats et miliciens prorégime ont été tués depuis jeudi soir dans une offensive de l'EI contre des villages près de Palmyre, la ville antique que les jihadistes ont reprise récemment à l'armée, selon l'OSDH.
Avec AFP