Des voix de l'Eglise catholique ont promis vendredi de poursuivre le combat contre le maitien du président Joseph Kabila en République démocratique du Congo, et dénoncé les menaces contre les chrétiens, lors d'une messe à Kinshasa à la mémoire des victimes de la marche du 21 janvier.
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"La marche des chrétiens ne s'arrêtera pas. Nous avons le devoir sacré de continuer le bon combat pour l'émergence d'un Congo nouveau", a déclaré dans son sermon l'abbé François Luyeye, sous les applaudissements de l'assistance dans la cathédrale Notre-Dame.
La messe rendait hommage aux victimes de la répression de la marche organisée le 21 janvier à l'appel d'un collectif proche de l'Église catholique, le comité laïc de coordination (CLC).
Sept personnes ont été tuées à cette occasion à Kinshasa, selon les Nations unies et l'épiscopat, deux d'après les autorités.
"Les initiatives du Comité laïc de coordination sont à applaudir, et nous en attendons d'autres", a poursuivi l'abbé lors de la cérémonie célébrée par l'archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, 78 ans, très critique envers le régime.
"Que les médiocres dégagent" avait lancé Mgr Monsengwo après la répression d'une première marche le 31 décembre. Le pape François a désigné cette semaine son futur successeur, Mgr Fridolin Ambongo, considéré également comme une voix critique du régime.
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"En agissant ainsi, vous démontrez que vous êtes l'Église (...). N'en déplaise à ceux qui croient que la foi doit être enfermée dans la sacristie", a ajouté l'abbé François Luyeye, connu pour ses prises de positions politiques.
Le président Joseph Kabila avait critiqué l'ingérence de l'Eglise catholique dans les affaires politiques en RDC lors de sa conférence de presse du 26 janvier: "Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu".
Plusieurs diplomates, opposants et activistes ont pris part à cette célébration.
Les photos de cinq victimes étaient placées devant l'autel, des images vidéo de la répression étaient projetées sur une toile.
- Tuer sa propre fille -
Un hommage particulier a été rendu à l'une des victimes, une aspirante à la vie religieuse de 24 ans tué devant l'église Saint-François de Salles à Kinshasa, fille d'un officier de police.
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"La police a tué sa propre fille", a déclaré le professeur Thiery Nlandu, un responsable du comité laïc de coordination. En janvier, un juge du parquet avait indiqué qu'un mandat d'arrêt existait à son encontre.
Les catholiques demandent au président Kabila, dont le deuxième et dernier mandat s'est achevé en décembre 2016, de déclarer publiquement qu'il ne se représentera pas à la prochaine présidentielle prévue le 23 décembre 2018.
Depuis, "nous sommes devenus la cible de leur terreur. Des prêtres sont fréquemment molestés, insultés même à travers les médias de l'État, brutalisé, arrêtés en pleine exercice de leurs services pastoraux", a dénoncé un autre abbé, Jean-Marie Konde, pendant la cérémonie.
Le 3 février, le père Sébastien Yebo, curé d'une paroisse de Kinshasa, avait été arrêté par la police, avant d'être libéré le lendemain.
Un pasteur protestant, David Ekofo, a quitté la RDC après avoir tenu un sermon jugé critique devant des proches du président Kabila le 16 février. Il craignait pour sa sécurité, ont assuré certains de ses proches.
Par ailleurs, la Commission nationale des droits de l'Homme de la RDC (CNDH) a présenté vendredi son propre bilan: sept morts le 31 décembre et quatre morts le 21 janvier.
"Ces actes ont été généralement attribués à certains éléments de la police nationale et certains éléments des Forces armées de la RDC", a précisé le président de la commission Mwamus Mwamba. Il a invité les autorités à "assurer une formation adéquate aux forces de l'ordre dans l'encadrement des manifestations".
Avec AFP