"Est-ce que leurs mères et ces misérables eux-mêmes ne savaient pas que leur place était en enfer ? Est-ce qu'ils ne savaient pas que la Syrie et l'Irak étaient des pays musulmans et que chaque jour, il y a des musulmans qui y meurent ?", s'est exclamé le dirigeant de cette ex-république soviétique d'Asie centrale, au cours d'un rassemblement public.
Emomali Rakhmon, qui a fait une priorité de la lutte contre l'intégrisme religieux dans ce pays laïque dont la population est en majorité musulmane, s'exprimait à l'occasion de la Fête de la mère, qui sera célébrée le 8 mars, comme la Journée de la Femme dans le reste de l'ex-URSS.
Citant le Coran, selon lequel tuer d'autres musulmans est un péché mortel, le président tadjik a répété que "l'enfer attendait tous ceux qui tuent des fidèles sans raison".
M. Rakhmon a par ailleurs souligné le rôle que les femmes jouent dans l'éducation de la prochaine génération, leur reprochant notamment de troquer les robes nationales colorées contre des habits noirs.
"Même les vêtements que les femmes tadjikes portent aux funérailles n'ont jamais été de couleur noire", a-t-il rappelé.
Pour la première fois depuis 1999, le parti Renaissance islamique, le seul parti religieux officiellement enregistré dans toute l'Asie centrale post-soviétique, n'a obtenu aucun siège aux élections législatives qui se sont déroulées lundi au Tadjikistan. Il avait auparavant dénoncé des pressions des autorités pendant la campagne électorale.
En novembre et en décembre derniers, plus de 60 islamistes présumés s'apprêtant à partir en Syrie ont été arrêtés au Tadjikistan, la plupart faisant partie du Jamaat Ansarullah, une branche tadjike du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO).
Au total, entre 2.000 et 4.000 ressortissants du Tadjikistan, du Kirghizstan, du Kazakhstan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan ont rejoint ces trois dernières années l'organisation Etat islamique, selon un rapport de l'International Crisis Group (ICG) publié en janvier.
- Partage du pouvoir -
En un peu plus d'un an, les deux camps ont déjà signé plusieurs cessez-le-feu, tous rompus au bout de quelques heures ou quelques jours.
Ce qui coince aujourd'hui dans les pourparlers, ce sont les modalités d'un accord de partage de pouvoir entre Riek Machar et Salva Kiir.
En ouvrant cette 8e session de pourparlers le 23 février, l'Igad l'avait qualifiée de celle de "la dernière chance".
La communauté internationale s'impatiente de plus en plus: pour la première fois cette semaine, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, à l'unanimité, une résolution prévoyant le principe de sanctions.
La communauté internationale a à plusieurs reprises ces derniers mois brandi la menace de sanctions contre les belligérants. Mais, face à la réticence de la Chine notamment, qui détient d'importants intérêts pétroliers au Soudan du Sud, elle n'avait jusque-là jamais franchi l'étape de la résolution.
Le Conseil de sécurité se donne désormais la possibilité de geler les avoirs de ceux qui menacent la stabilité du pays, se rendent coupables d'exactions ou entravent l'aide humanitaire, et de leur interdire de voyager. Un comité doit néanmoins désigner ultérieurement les individus à sanctionner.
Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis juillet 2011, est ravagé depuis le 15 décembre 2013 par une guerre civile, qui à l'origine opposait une faction de l'armée fidèle au président Kiir à une autre loyale à Riek Machar.
Depuis, une vingtaine de groupes armés et de milices ont rejoint le conflit, qui a été marqué par des atrocités à caractère ethnique et a conduit le pays au bord de la famine.
Aucun bilan officiel n'est disponible, mais des observateurs parlent de dizaines de milliers de morts. Plus de deux millions de personnes ont aussi été chassées de chez elles par les combats, trouvant refuge dans des bases de l'ONU dans le pays ou dans des pays voisins.
VOA/AFP