Champions en titre et ultra-favoris du Mondial qui se déroule à Madrid, en Espagne, les Brésiliens qui jouent les yeux bandés et courent après un ballon à grelots font leurs grands débuts vendredi, contre le Mali.
Outre ses quatre titres mondiaux (1998, 2000, 2010 et 2014), le Brésil a également remporté toutes les médailles d'or de l'histoire du cécifoot aux Jeux paralympiques (2004, 2008, 2012 et 2016).
Bien moins médiatique que Neymar, la star de cette équipe brésilienne est Ricardo Alves, dit Ricardinho, triple champion paralympique et double champion du monde.
"Tout le monde veut faire tomber le champion, mais nous voulons gagner une nouvelle fois, même si nous savons que ça sera compliqué", affirme à l'AFP ce joueur de 29 ans originaire du sud du Brésil.
- "Seconde chance" -
Dès sa plus tendre enfance, il passait ses journées balle au pied, avec un talent tel que ses voisins ont conseillé à son père de lui faire passer des essais dans les grands clubs de la région.
Mais à six ans, un problème à la rétine a brisé son rêve: sa vue a commencé à baisser, jusqu'à ce qu'il devienne totalement non-voyant deux ans plus tard.
"Déjà j'ai eu le choc de ne plus rien voir, mais je me suis senti encore plus mal parce que je pensais que je ne pourrais plus jamais jouer au foot", raconte-t-il.
L'espoir a commencé à renaître quand il a découvert le cécifoot, à l'âge de dix ans.
"J'ai commencé à m'entraîner en me disant qu'on m'avait donné une seconde chance de poursuivre mon rêve", confie Ricardinho.
Mais avant de marquer plus de 100 buts sous le maillot de son équipe nationale, il a dû emprunter un chemin semé d'embûches.
Face à la difficulté de se procurer des ballons officiels de cécifoot, il a dû envelopper des ballons traditionnels de sacs plastiques pour se guider à l'ouïe.
Talent précoce, il a joué son premier Mondial en 2006 à 17 ans. Les Brésiliens ont perdu en finale contre les grands rivaux argentins, mais Ricardinho a été élu meilleur jeune du tournoi et meilleur joueur du monde cette année-là.
Il a décroché son premier titre mondial en 2010, avant de remettre ça quatre ans plus tard.
- En quête de visibilité -
Coéquipier de Ricardinho, Mauricio Dumbo a surmonté des obstacles qui vont au-delà du handicap.
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À 11 ans, il a dû fuir la guerre civile en Angola. Destination le Brésil, pays de Ronaldo, une des ses plus grandes idoles.
Enfant, Mauricio a perdu la vue à cause d'une rougeole, mais il vibrait déjà en écoutant les exploits de son attaquant préféré à la radio.
À 28 ans, il a obtenu un diplôme de droit et s'apprête à jouer son premier mondial, après avoir remporté l'or paralympique à domicile aux Jeux de Rio-2016.
"Mon rêve, c'est qu'on nous voie comme de vrais sportifs de haut niveau, que les médias nous donnent plus de visibilité auprès des supporters", explique-t-il.
Après le titre paralympique à Rio, il a réalisé un autre rêve: revenir en Angola pour retrouver sa mère, 15 ans après avoir quitté son pays natal.
Au Mondial de cécifoot en Espagne, le Brésil est l'équipe à battre, mais chaque joueur a déjà remporté de nombreuses batailles pour en arriver là.
"Nous sommes tous des guerriers. Chacun a ses propres difficultés, mais nous sommes là pour nous battre ensemble", conclut Mauricio Dumbo.
Avec AFP