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L'équipe burkinabée fait avec les "moyens du bord" à la course cycliste Tropicale au Gabon


L'équipe du Burkina Faso, au départ de l'étape Kango de l'édition 2018 de la course cycliste La Tropicale Amissa à Kango, Gabon, le 15 janvier 2018.
L'équipe du Burkina Faso, au départ de l'étape Kango de l'édition 2018 de la course cycliste La Tropicale Amissa à Kango, Gabon, le 15 janvier 2018.

"Le Burkina Faso est demandé pour ravitaillement", crache la radio de la course la Tropicale, dans la voiture de l'équipe burkinabée qui suit le peloton participant à l'une des rares épreuve cycliste professionnelle d'Afrique.

A l'image de plusieurs sélections nationales africaines, le Burkina Faso tente de faire émerger des talents mais doit composer avec des moyens limités, alors que concourent des équipes plus professionnalisées pendant cette course cycliste gabonaise.

"Accélérez, accélérez!", lance au chauffeur le manager de la sélection nationale du Burkina Faso, Martin Sawadogo. "Allez"!

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"Viens, Paul, prends de l'eau!" crie l'homme à un jeune coureur revenu a l'arrière de la course pour se ravitailler.

"Ah, ils vont tuer mes enfants!", s'exclame avec une pointe d'inquiétude, M. Sawadogo, qui dirige depuis plus de 10 ans la sélection burkinabée. "Paul est un jeune étudiant franco-burkinabé de 19 ans. C'est sa première Tropicale. Il tient!", sourit le manager.

"Nous sommes une équipe en reconstruction", explique-t-il. "Nous avons eu nos ténors" dans les années 2000. Comme Abdul Wahab Sawadogo, présent à l'arrière de la voiture et qui s'occupe désormais des problèmes mécaniques de son équipe.

Au Burkina Faso, pays de plus de 18 millions d'habitants au coeur de l'Afrique de l'Ouest et qui accueille l'historique "Tour du Faso", l'adage dit que chaque enfant reçoit comme premier cadeau un vélo.

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"Le cyclisme burkinabé a une fédération nationale, nous avons le statut d'amateurs. La promotion du cyclisme de masse au Burkina est en hausse, mais pas le (cyclisme) professionnel", explique le manager alors que la voiture s'éloigne du peloton.

"Ces derniers temps, au niveau du sport international nous sommes en baisse, ou en stagnation", reconnaît-il. Certaines nations africaines sont en progression depuis 3-4 ans comme l'Erythrée, le Rwanda, l'Ethiopie ou le Kenya en plus des Sud-africains ou des Marocains, habitués des honneurs.

- Moyens du bord -

"Notre objectif est d'être parmi les meilleurs amateurs", indique Martin Sawadogo.

La Tropicale du Gabon, la course la mieux classée en Afrique sur l'échelon du professionnalisme, rassemble des sélections nationales et des équipes professionnelles comme Bike Aid (Allemagne) Direct Energie (France) ou Delko Marseille (France), souvent mieux financées.

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"La motivation y est", et même la "volonté politique", estime le manager, mais on manque de structures et on fait avec les "moyens du bord".

La crise économique de 2014, conséquente de la chute du prix du baril, a eu un impact sur le financement du sport au Burkina, selon Martin Sawadogo.

"Pour le cyclisme, il faut avoir les moyens", estime le capitaine de l'équipe Abdul Aziz Nikiema, 28 ans, vainqueur du Tour du Faso en 2013.

"Nos vélos n'ont rien à voir avec ceux des professionnels comme Direct Energie. Certains coureurs burkinabé ont amené leurs propres vélos pour la Tropicale, même si nous devrions recevoir bientôt de nouvelles machines du ministère des Sports", explique-t-il.

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Les coureurs cyclistes burkinabé ne vivent pas de leur sport, ajoute Nikiema, militaire de métier. Les compétiteurs gagnent en moyenne 150 euros par mois - un peu plus que le salaire moyen du pays d'environ 110 euros -, et la retraite ne leur sera pas assurée.

"Au Burkina Faso, je m'entraîne 5 jours sur 7, car je fais partie de la compagnie +sport+ des militaires. Je fais mon suivi moi-même auprès du service de l'armée et je gère mon alimentation à ma façon", détaille le capitaine.

Nikiema court aussi en France, à l'US Vern de Rennes. "C'est très différent. Là-bas, nous sommes suivis par des médecins et des nutritionnistes".

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Dans la voiture, la radio s'agite. On appelle encore le Burkina. C'est un pneu qui a éclaté. L'équipe aperçoit rapidement son coureur arrêté au bord de la route.

Depuis l'arrière de la voiture, l'ancien champion devenu chef technique, Abdoul Wahab Sawadogo, se précipite hors du véhicule pour changer la roue. En août dernier, la Fédération l'a envoyé en Suisse au centre mondial du cyclisme, pour suivre une formation en mécanique.

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La crevaison sera le seul problème technique du jour pour les Burkinabés. En 2017, lors de la première étape de la course gabonaise, l'équipe avait enchaîné les malchances avec trois pannes en moins de 20 km juste après le départ: un guidon cassé et un vélo hors d'usage. L'équipe avait dû se fait prêter une autre machine par une équipe belge.

"Cette année, on s'est bien améliorés au niveau du matériel, mais c'est l'entraînement qui pêche. Nous avons eu seulement huit jours de préparation pour la Tropicale", indique le capitaine de l'équipe.

Avec AFP

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