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L'Ethiopie annonce une enquête conjointe avec l'Arabie Saoudite après des accusations d'exécutions de migrants


Des migrants éthiopiens débarquent d'un bateau sur les côtes de Ras al-Ara, à Lahj, au Yémen, déterminés à rejoindre l'Arabie saoudite, le 26 juillet 2019.
Des migrants éthiopiens débarquent d'un bateau sur les côtes de Ras al-Ara, à Lahj, au Yémen, déterminés à rejoindre l'Arabie saoudite, le 26 juillet 2019.

Le gouvernement éthiopien a annoncé mardi qu'il allait mener une enquête conjointe avec l'Arabie saoudite, après la publication d'un rapport de Human Rights Watch accusant des gardes-frontières saoudiens d'avoir tué des "centaines" de migrants éthiopiens entre mars 2022 et juin 2023.

"Le gouvernement éthiopien enquêtera rapidement sur l'incident en collaboration avec les autorités saoudiennes", a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur le réseau social X (ex-Twitter).

"À ce stade critique, il est fortement recommandé de faire preuve de la plus grande retenue et de ne pas faire de déclarations inutiles jusqu'à ce que l'enquête soit terminée", ajoute le ministère, assurant que "les deux pays, malgré cette malheureuse tragédie, entretiennent d'excellentes relations de longue date".

Dans un rapport publié lundi, Human Rights Watch (HRW) affirme que les gardes-frontières saoudiens ont tué des "centaines" de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe via la frontière avec le Yémen, entre mars 2022 et juin 2023.

Les autorités saoudiennes contestent les faits rapportés par l'ONG. Une source gouvernementale affirme à l'AFP qu'elles sont "infondées et ne reposent pas sur des sources fiables".

L'Union européenne a, par la voix d'un porte-parole du chef de la diplomatie Josep Borrell, exprimé son "inquiétude" à propos du rapport de HRW.

"Nous soulèverons cette question avec les autorités d'Arabie saoudite et aussi avec les autorités houthies de facto au Yémen", a déclaré ce porte-parole, Peter Stano. "Nous saluons l'annonce par le gouvernement éthiopien d'une enquête conjointement avec les autorités d'Arabie saoudite", a-t-il ajouté lors d'un point de presse à Bruxelles.

Selon le rapport de l'ONG, des migrants ont accusé les forces houthies de collaborer avec les passeurs et de leur extorquer de l'argent. Ces rebelles les auraient aussi transféré dans ce que les migrants décrivent comme des centres de détention.

Les États-Unis, partenaires de longue date de la monarchie du Golfe, ont appelé lundi à une enquête.

Ce rapport est "très inquiétant" et porte des accusations "très graves", a déclaré un porte-parole de l'ONU, relevant toutefois qu'il est difficile de "confirmer" ces allégations.

Dans son rapport de 73 pages, HRW s'appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de pénétrer en Arabie saoudite depuis le Yémen, des images satellites, des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux "ou recueillies auprès d'autres sources".

Les personnes interrogées ont évoqué des "armes explosives" et des tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Éthiopiens "sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l'on tire".

Des centaines de milliers d’Éthiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la "route de l'Est" reliant la Corne de l'Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans.

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