Le correspondant de l'AFP en Ethiopie a pu déterminer avec de nombreux contacts disséminés dans le pays que les principales villes de province n'avaient pas d'internet mardi.
Les premières coupures avaient débuté le 11 juin: le réseau avait été brièvement rétabli le jour même et le 12 juin mais depuis, la coupure est quasi totale à l'exception d'Addis Abeba où le réseau a été rétabli vendredi.
Interrogée par l'AFP mardi, Cherer Aklilu, directrice exécutive de la compagnie de télécommunications Ethio Telecom, qui a le monopole sur le secteur, a indiqué attendre "la diffusion d'un communiqué officiel sur la coupure internet avant la fin de la semaine". "Nous appelons nos clients à la patience d'ici là", a-t-elle ajouté.
La responsable a refusé de donner le moindre indice sur la raison de cette coupure, la plus importante depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre réformateur Abiy Ahmed.
En 2017, les autorités avaient justifié une coupure similaire en expliquant vouloir limiter la triche lors des examens scolaires nationaux. La coupure actuelle intervient alors que les examens nationaux sont en cours au niveau des lycées et doivent s'achever vendredi.
Un avocat éthiopien, Tsegaye Teshome, installé dans la deuxième agglomération du pays, Dire Dawa (est), a expliqué à l'AFP que l'absence d'internet avait sérieusement entravé l'activité de son cabinet.
"Nous avons été dans l'incapacité d'entrer en contact avec nos clients étrangers. Et je ne peux pas accéder (en ligne) aux procédures de la Cour suprême", a-t-il regretté.
De son côté, Fissehatsion Gebremichael, un étudiant dans la ville universitaire de Mekele, dans le nord du pays, a lui aussi fait part de son désarroi.
"Je poursuis actuellement des études post-universitaires de criminologie et de justice criminelle. La coupure d'internet m'empêche de télécharger des livres et des travaux universitaires dont j'ai besoin pour mes études", a-t-il déclaré au téléphone à l'AFP.
Les autorités éthiopiennes n'hésitent pas, quand elles le jugent nécessaires, à couper internet dans le pays. Ce fut le cas à maintes reprises entre 2015 et 2017 alors qu'elles étaient confrontées à un mouvement de protestation inégalé en 25 ans.
M. Abiy avait été nommé à la suite de ce mouvement de protestation, qui avait fait trembler sur ses bases la coalition au pouvoir depuis 1991.
Confronté à un important regain de violences inter-communautaires depuis son arrivée au pouvoir, M. Abiy a par ailleurs lancé un important programme de réformes susceptibles, si elles devaient être mises en oeuvre, de modifier en profondeur le pays et son économie. Il a ainsi promis l'ouverture de grandes entreprises publiques à des capitaux étrangers, au premier rang desquelles Ethio Telecom.