Le président rwandais Paul Kagame est attendu mercredi à Paris où il rencontrera son homologue français Emmanuel Macron et participera notamment à un salon international consacré au numérique, Viva Tech.
Interrogé par le journal Le Monde au sujet de l'ouverture complète des archives militaires françaises sur le dossier rwandais, l'amiral Lanxade, chargé sous la présidence de François Mitterrand de mettre en oeuvre l'opération militaro-humanitaire "Turquoise", se dit favorable, "car, encore une fois, nous n'avons rien à nous reprocher".
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"Je ne pense pas que cela puisse dévoiler quoi que ce soit, 24 ans après, sur l'organisation des armées. Il n'y a pas de secrets qui doivent être préservés", ajoute-t-il.
"Le gouvernement français doit faire admettre que nous sommes intervenus pour arrêter le massacre", insiste le haut gradé. Mais "le problème auquel le président Macron va être confronté, ce sont les fortes pressions en France pour normaliser les relations avec le Rwanda", juge-t-il.
Près d'un quart de siècle plus tard, le rôle joué par la France au Rwanda reste encore un sujet hautement polémique, objet de tensions entre Paris et Kigali.
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Le président Kagame, dirigeant le Front patriotique rwandais (FPR) qui a pris le pouvoir à Kigali quelques jours avant la fin du génocide, accuse les autorités françaises d'avoir soutenu le pouvoir hutu et d'avoir été un acteur des tueries, ce que Paris a toujours fermement démenti.
Promise en 2015 par le président François Hollande, l'ouverture des archives de la présidence française sur le génocide rwandais de 1994 et l'opération Turquoise n'a été que partiellement respectée, selon des chercheurs et des militants associatifs.
Un ancien officier français ayant participé à l'opération "Turquoise", Guillaume Ancel, a récemment relancé le débat en publiant un livre ("Rwanda, la fin du silence") dans lequel il assure que les troupes envoyées par Paris avaient pour mission de "stopper le FPR, donc empêcher la victoire de ceux qui combattaient les génocidaires".
Selon l'ONU, environ 800.000 personnes - principalement au sein de la minorité tutsi - ont été tuées en trois mois au cours des massacres déclenchés au lendemain de l'attentat qui a coûté la vie au président hutu Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.
Avec AFP