L'Inde, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, s'est engagée lors de la COP26 à atteindre zéro émission d'ici 2070. Avec 1,35 milliards d'habitants, elle a placé la production et l'utilisation d'hydrogène vert au centre de sa stratégie de réduction des émissions.
Mercredi, le gouvernement a dévoilé la première phase d'un vaste programme environnemental visant à produire de l'hydrogène vert, la Mission Nationale de l'hydrogène, qui avait été annoncée en août dernier par le Premier ministre Narendra Modi.
"La mise en œuvre de cette politique permettra de fournir un carburant propre à la population", a indiqué le ministère de l'Energie, ajoutant que cela réduira la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles.
L'Inde dépend du charbon, du pétrole et de la biomasse pour répondre à 80 % de sa demande énergétique.
Selon l'Institut de l'Energie et des Ressources (TERI), le pays utilise 6 millions de tonnes d'hydrogène annuellement, et estime que la demande pourrait atteindre 28 millions de tonnes d'ici 2050.
Le gouvernement envisage d'imposer des obligations aux industries polluantes pour l'utilisation d'hydrogène vert, a déclaré mercredi le ministre de l'Énergie Raj Kumar Singh.
Elles prévoient un minimum de 10 % d'utilisation d'hydrogène vert par les raffineries à partir de 2023-2024, avec une augmentation progressive à 25 % au cours des cinq prochaines années. De même, il est prévu de fixer un seuil d'utilisation obligatoire de 5 % pour les industries des engrais, avec une augmentation progressive à 20 %.
Réussir la transition vers l'énergie propre
Dans ses publications sur le réseau social LinkedIn, l'expert en énergies renouvelables Pankaj Pramanik, affirme que "l'hydrogène vert devrait permettre de contrôler le risque d'effondrement du réseau dû à l'imprévisibilité et à l'inadéquation de la production et de la consommation d'énergie renouvelable".
"Le principal défi pour les décideurs politiques est de modifier la demande du marché et de provoquer le passage de l'utilisation de l'hydrogène gris à l'hydrogène vert", explique le PDG de Global CEO.
En ce sens, le gouvernement a obtenu le soutien de poids lourds de l'État comme le plus grand raffineur de pétrole du pays Indian Oil et la Société nationale d'énergie thermique NTPC, indique la revue financière Bloomberg. De gros industriels comme Gautam Adani et Mukesh Ambani vont également investir dans l'hydrogène vert.
Indian Oil se prépare à produire 70.000 tonnes par an d'hydrogène vert d'ici 2030, soit environ 10 % de sa consommation globale.
Certaines mesures incitatives pour les producteurs sont en cours. Le gouvernement offre une aide aux entreprises pour la mise en place d'installations de stockage à proximité des ports pour l'hydrogène vert.
Le prix à payer pour le carburant du futur
L'hydrogène vert est produit par l'électrolyse de l'eau avec de l'énergie renouvelable. Il s'agit de diviser les molécules d'eau en hydrogène et en oxygène notamment à l'aide d'énergie éolienne, solaire et hydroélectrique. Tandis que la méthode classique, le reformage du méthane à la vapeur à partir du gaz naturel, est un processus qui émet une grande quantité de dioxyde de carbone.
Ce carburant a plusieurs applications, dont la fourniture de matières premières aux industries, le fonctionnement des automobiles avec des piles à combustible et l'amélioration du stockage des énergies renouvelables.
Bien que les investissements dans l'hydrogène vert augmentent, cette technologie du futur se heurte encore au coût élevé des infrastructures.
Ce pourquoi M. Modi a rappelé mercredi aux pays riches que leur soutien est indispensable pour financer cette transition, soulignant que "les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière de financement et de transfert de technologies".
L'hydrogène, élément le plus abondant dans la nature, est appelé à devenir le principal carburant au niveau mondial. L'Inde prévoit de produire cinq millions de tonnes d'hydrogène vert par an d'ici 2030.