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L'Italie ne peut être "le camp de réfugiés de l'Europe", avertit Salvini


Matteo Salvini s'adressant à la presse, Rome, Italie, le 14 mai 2018.
Matteo Salvini s'adressant à la presse, Rome, Italie, le 14 mai 2018.

Matteo Salvini, le très populaire patron de l'extrême-droite italienne devenu ministre de l'Intérieur, a averti dimanche que l'Italie ne pouvait pas être "le camp de réfugiés de l'Europe", promettant toutefois du "bon sens" pour éviter les naufrages et limiter les arrivées de migrants.

"L'Italie et la Sicile ne peuvent être le camp de réfugiés de l'Europe", a martelé le chef de la Ligue, venu d'abord soutenir des candidats locaux de son parti, qui militait il y a quelques années encore pour la sécession du nord du pays et n'avait pas de mots assez durs contre le Sud.

"Le bon temps pour les clandestins est fini : préparez-vous à faire les valises", avait-il lancé samedi.

"Nous n'aurons pas une ligne dure mais une ligne de bon sens", a toutefois voulu rassurer dimanche le nouveau ministre, accueilli à chacune de ses étapes par des sympathisants enthousiastes mais aussi par des contre-manifestants de gauche, nettement moins nombreux.

Sous un soleil de plomb devant le centre d'accueil de Pozzallo, un port de la pointe méridionale de la Sicile, et au milieu de curieux en tenue de plage, les deux camps en sont presque venus aux mains.

"Nous avons été migrants nous aussi en Amérique, et nous n'avons pas fait tout ce bazar là-bas", "Ce n'est pas de l'accueil à ce stade, c'est de la colonisation", "Moi si je pue, c'est de la sueur du travail", ont ainsi crié des partisans du nouveau ministre aux militants locaux dénonçant le cauchemar des migrants bloqués en Libye.

Tout en gardant le ton combatif qui a fait son succès, M. Salvini a pour sa part légèrement nuancé ses propos, revenant par exemple sur son attaque frontale de samedi contre les navires de secours affrétés par des ONG, qu'il avait accusées d'agir en "vice-passeurs".

"Personne ne m'enlèvera la certitude que l'immigration clandestine est un business (...) et voir des gens se faire de l'argent sur des enfants qui meurent ensuite me met en colère", a-t-il expliqué, alors qu'on avait appris ce dimanche la mort d'au moins 35 migrants au large de la Tunisie, neuf autres, dont six enfants, au large de la Turquie et encore un au large de l'Espagne.

"Donc je pense qu'il vaut mieux dépenser l'argent dans les pays d'origine. Maintenant, s'il y a des ONG qui veulent faire leur travail gratuitement, c'est bien", a-t-il déclaré, en référence autant aux associations engagées dans l'accueil en Italie qu'à celles secourant les migrants en mer.

'Déséquilibre évident'

Pozzallo est en première ligne: c'est principalement dans ce port et dans ceux de l'est de la Sicile (Augusta, Catane, Messine) qu'accostent les navires militaires et humanitaires chargés de migrants secourus au large de la Libye.

A l'intérieur du centre, où la presse n'a pas pu le suivre, M. Salvini a pu rencontrer une centaine de migrants, dont des femmes et des enfants, arrivés vendredi soir, quelques heures après sa prestation de serment au gouvernement.

Cette grande structure en béton entourée de grilles en bord de mer est l'un des "hotspots" installés depuis 2015 en Italie, sur insistance de l'Union européenne, pour s'assurer que les nouveaux arrivants soient bien enregistrés en Italie et ne puissent donc pas déposer une demande d'asile dans un autre pays européen.

Les ministres de l'Intérieur de l'UE doivent discuter de la révision de cette règle lors d'une réunion mardi à Luxembourg, mais M. Salvini a annoncé qu'il n'y serait pas: ce jour-là, il sera au Parlement italien pour le vote de confiance de son gouvernement d'union avec le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème).

Mais il a d'ores et déjà annoncé qu'il s'opposerait à la réforme en cours, qui selon lui "condamne" les pays méditerranéens.

Et l'idée déjà tentée par Rome de faire débarquer les migrants secourus en mer ailleurs qu'en Italie ? "Mon objectif n'est pas de les déplacer en Europe mais de réduire les départs", a-t-il répondu, tout en évoquant "un déséquilibre évident de la gestion, des nombres et des coûts".

Grâce à des arrangements controversés de l'ancien gouvernement de centre gauche avec la Libye, les arrivées ont déjà chuté de plus de 75% depuis l'été 2017. Mais malgré une augmentation de 12%, les expulsions n'ont pas dépassé 6.500 l'an dernier et leur augmentation coûtera cher.

Pour trouver rapidement des fonds, M. Salvini réclame "un bon coup de ciseaux" dans l'accueil des quelque 170.000 demandeurs d'asile actuellement hébergés à travers tout le pays. Mais plusieurs voix se sont élevées pour rappeler que ces fonds, lorsqu'ils sont bien utilisés, créent des emplois pour des Italiens et redonnent vie à des zones rurales en déshérence.

Avec AFP

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