Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

L'offensive du Hamas complique la médiation entre Israéliens et Palestiniens


Cela fait plus de 70 ans que dure le conflit israélo-palestinien.
Cela fait plus de 70 ans que dure le conflit israélo-palestinien.

Il y a l'Egypte, médiateur traditionnel entre Israël et le Hamas, et d'autres Etats, comme le Qatar, potentiellement influents. Mais l'offensive inédite du Hamas contre Israël avec prises d'otages de civils et l'ampleur de la riposte compliquent les chances de succès d'une médiation.

En quoi la magnitude de ce conflit et le contexte politique israélien compliquent-ils la tâche des potentiels médiateurs? Réponse: "La nature inédite de ce conflit va certainement exiger une médiation et une intervention différentes de toutes les médiations précédentes", estime Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée, basé à Genève.

"Je doute que l'on puisse entrer en médiation maintenant", opine Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen Orient à l'institut français des relations internationales (Ifri). L'offensive ayant montré des défaillances des services de sécurité et de renseignements israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu va certainement vouloir, au préalable, "pour des raisons de politique intérieure, apparaître comme l'homme fort" qui va gagner la guerre, dit-il.

Selon Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), "la composition du gouvernement israélien, avec la présence de radicaux, complique également la donne" et il n'est pas assuré que le gouvernement d'extrême-droite accepte une quelconque médiation pour le moment.

De plus dit-elle, il n'est pas exclu que le Hamas, "se sentant aussi fort après une telle opération", rechigne lui aussi à accepter une médiation. Lundi, un responsable du Hamas basé à Doha a affirmé à l'AFP qu'"aucune négociation" n'était possible pour le moment.

Pour autant, observe cette experte, "la riposte est déjà terrible, à la hauteur du traumatisme de l'opération" subi par Israël. Et "il y a un moment où le Hamas aura besoin de trouver une porte de sortie, y compris vis-à-vis de sa propre population qui va payer le prix le plus élevé".

La question des otages civils israéliens pourrait aussi jouer en faveur d'"une médiation de type humanitaire plutôt que d'une médiation politique", souligne Denis Bauchard.

Pourquoi l'Egypte est-elle considérée comme un médiateur naturel ?

Dans les conflits "à répétition" entre les deux parties, l'Egypte "s'est imposée comme le médiateur traditionnel le plus ancien" du fait de sa proximité géographique. "Le Hamas tient à entretenir de bonnes relations avec l'Egypte qui est le seul passage terrestre ouvert", souligne-t-il, en rappelant que "dans le passé, l'Egypte a été sollicitée par les Américains à maintes reprises".

Et "l'Egypte va tout faire pour jouer ce rôle car c'est essentiel pour elle d'apparaitre comme puissance régionale", note Agnès Levallois. "C'est un rôle qu'elle peut mener en association avec d'autres pays" tels que les Etats-Unis ou des pays de l'Union européenne à l'instar de la France qui a des relations "fortes" avec Le Caire. Lundi, la présidence égyptienne a d'ores et déjà fait savoir qu'elle multipliait les contacts pour "arrêter l'escalade".

L'engagement américain en faveur d'Israël peut-il gêner une potentielle médiation ?

Les Etats-Unis ont immédiatement réaffirmé leur soutien à Israël mais les experts notent que le président américain Joe Biden n'entretient pas de très bonnes relations avec Benjamin Netanyahu. Et jusqu'à présent, Washington n'a pas eu envie de se réinvestir au Proche Orient, note Agnès Levallois. "Certains vont sans doute appeler de leurs voeux une médiation américaine", dit-elle. "Mais de là à franchir le pas", elle en doute. A l'approche de l'élection présidentielle, "il n'y a que des coups à prendre", dit-elle.

Quid de pays comme la Turquie ou le Qatar ?

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est rapproché d'Israël après des années de tensions et entretient parallèlement de bonnes relations avec le Hamas. "La Turquie peut ainsi vouloir se présenter comme médiateur capable de parler aux deux parties mais avec des chances de succès limitées", tranche la spécialiste du Moyen Orient.

"Le Qatar a contribué au renflouement des caisses du Hamas", rappelle Hasni Abidi, notamment avec le versement des salaires des fonctionnaires de l'administration publiques à Gaza.

"Doha finance la survie de la bande de Gaza en accord avec l'Etat d'Israël. On sait donc que le Qatar a les moyens de peser sur le Hamas", estime Agnès Levallois.

Doha, souvent cité comme facilitateur de libération d'otages dans la région, pourrait ainsi contribuer à "des efforts conjoints" avec l'Egypte pour rétablir le calme en Israël, estiment les experts.

Forum

XS
SM
MD
LG