Lors de sa dernière conférence de presse à Genève, avant de quitter son poste à la fin de la semaine, Zeid Ra'ad Al Hussein a appelé le gouvernement ougandais à s'assurer qu'une enquête indépendante fasse la lumière sur ces violences, y compris sur les accusations d'exécutions, d'usage excessif de la force par la police et de torture.
Le chanteur et député Bobi Wine - de son vrai nom Robert Kyagulanyi - a été libéré lundi sous caution après deux semaines de détention, mais il doit de nouveau comparaître devant le tribunal pour trahison le 30 août, au côté de 33 coaccusés, dont deux députés de l'opposition.
Bobi Wine avait été arrêté le 14 août à la suite d'un incident à Arua (nord) au cours duquel des pierres avaient été jetées par des manifestants sur la voiture du président ougandais Yoweri Museveni, venu soutenir le candidat de son camp à une élection partielle.
M. Zeid a déclaré aux journalistes qu'il avait "de profondes inquiétudes concernant les informations sur les événements survenus" depuis en Ouganda.
Ce jour-là, le chauffeur de M. Kyagulanyi avait été tué au volant de sa voiture tandis que le chanteur et 33 autres personnes, dont plusieurs députés, deux femmes et deux journalistes, étaient arrêtés par la police, a rappelé le Haut-Commissaire, en s'appuyant sur des informations fournies par son bureau.
"Je suis particulièrement inquiet à propos d'allégations de torture et mauvais traitements qui auraient été infligés à certains détenus par des représentants des forces de l'ordre", a-t-il dit.
Lors de ses comparutions ces dernières semaines, Bobi Wine a semblé affaibli, utilisant parfois des béquilles pour se déplacer. Sa famille et ses avocats affirment qu'il a été battu et torturé en détention, des accusations rejetées par les autorités.
M. Zeid a cité un rapport de la commission des droits de l'homme ougandaise indiquant que l'il montrait des signes de douleur en prison, le visage enflé et pouvant à peine parler.
Un autre parlementaire a été "hospitalisé dans un état critique après avoir été apparemment torturé", a-t-il ajouté.
"Nous avons également reçu des rapports d'exécutions, de mauvais traitements et d'arrestations par les forces de l'ordre pendant les manifestations", a-t-il souligné, avant d'appeler le gouvernement ougandais à ouvrir "une enquête fouillée, indépendante et impartiale" et à traduire les responsables en justice.
Bobi Wine, 36 ans, s'est imposé comme un porte-parole de la jeunesse ougandaise et un détracteur virulent du président Museveni depuis son élection comme député en 2017.
Avec AFP