"Les civils dans le nord-est du Nigeria ont vécu des actes terribles de cruauté et de violence commis par Boko Haram. Cela inclut des meurtres gratuits, des exécutions sommaires, des participations forcées à des opérations militaires, y compris l'emploi d'enfants pour faire exploser des bombes, le travail forcé, les mariages forcés et les violences sexuelles, y compris le viol", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein.
Mais il y a également eu des rapports alarmants de violations flagrantes commises par les militaires nigérians, a ajouté le diplomate, qui a demandé au président Muhammadu Buhari "de prendre des mesures urgentes pour traduire en justice les auteurs de ces violations des droits humains, qu'ils soient ou non des fonctionnaires de l'Etat".
Plusieurs ONG, dont Amnesty et Human Rights Watch, ont déjà apporté la preuve d'exactions sommaires, de détentions arbitraires et de tortures en détention d'islamistes présumés au Nigeria.
M. Buhari, investi la semaine dernière à la tête de l'État nigérian, a érigé en priorité la lutte contre Boko Haram, dont l'insurrection et sa répression ont fait plus de 15.000 morts depuis 2009.
Avec AFP
Depuis février, l'armée nigériane, appuyée par ses voisins tchadien, camerounais et nigérien, a fait reculer le groupe islamiste qui n'en continue pas moins à multiplier les attaques et les attentats dans le nord-est du Nigeria.
M. Zeid a fait état de témoignages selon lesquelles Boko Haram amputait les mains d'enfants suspectés de vols, de rassemblements de villageois sous prétexte d'écouter un sermon, et qui étaient ensuite abattus par balles, et de la mise à mort par lapidation d'un homme "accusé de fornication".
Du côté gouvernemental, des rapports évoquent des gens emprisonnés pendant près de 5 jours, sans eau ni nourriture, car ils étaient suspectés d'appartenir à Boko Haram.
"Nous continuons à recevoir des rapports sur des arrestations et détentions arbitraires, des tortures et des exécutions sommaires et sur l'absence de protection des civils pendant les opérations militaires", a encore dit le Haut commissaire.
Il a aussi lancé un appel pour une enquête sur "des allégations très perturbantes, faisant état de milliers de personnes tuées ou battues alors qu'elles étaient emprisonnées dans des prisons d'État". Selon lui, "c'est crucial pour s'assurer que les victimes de Boko Haram ne sont pas aussi les victimes de leur propre gouvernement".
Le mouvement Boko Haram a tué au moins 15.000 personnes depuis 2009, et s'est à présent étendu dans les pays voisins du Nigeria.