Les stratégies nationales permettraient de limiter la hausse des émissions mondiales à 56,7 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an d'ici 2030, soit quatre milliards de tonnes de moins qu'estimé sans nouvelles mesures, contre 49,0 milliards en 2010, précise l'Onu dans un rapport sur l'impact global de plus de 140 "plans d'actions climat" nationaux.
"Pleinement mis en oeuvre, ces plans commencent ensemble à ouvrir une brèche significative dans la croissance des émissions de gaz à effet de serre: ils font office de plancher et fournissent la fondation sur laquelle une plus grande ambition pourra être construite", a déclaré Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Les plans nationaux, dénommés "contributions prévues déterminées au niveau national" (INDC), serviront de base aux discussions de la COP21, la conférence internationale organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre.
Le rapport de CCNUCC conclut que "la réponse mondiale au changement climatique garde la porte ouverte à la limite de température de deux degrés Celsius", l'objectif affiché de la COP21.
Pour Christiana Figueres, les plans nationaux "ont la capacité de limiter l'élévation de la température prévue à environ 2,7 degrés Celsius d'ici 2100, ce qui n'est en aucun cas suffisant, mais se situe beaucoup plus bas que les quatre, cinq degrés voire plus de réchauffement projetés par beaucoup avant les INDC".
En 2010, près de 200 pays se sont engagés à limiter le réchauffement à 2°C par rapport à la période pré-industrielle, un objectif qui suppose que la conférence de Paris débouche sur une accélération importante des efforts de lutte contre le changement climatique.
La température moyenne du globe a en effet déjà augmenté d'environ 0,9 degré par rapport à la période de référence.
Le rapport publié vendredi par l'Onu constitue la synthèse la plus complète à ce jour des plans d'actions nationaux visant à ralentir le réchauffement lié à l'activité humaine.
Les plans pris en compte couvrent 86% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et l'un des résultats clés de leur analyse est que leur mise en application intégrale permettraient de faire baisser la moyenne mondiale des émissions par personnes de jusqu'à 8% d'ici 2025 et jusqu'à 9% d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990.
"Ce rapport montre que les contributions nationales permettent de changer la donne et nous éloignent du pire, c'est à dire d'un réchauffement à 4°C-5°C ou plus", a déclaré Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, qui présidera la COP21.
"Il confirme qu'il est possible d'obtenir une trajectoire permettant de limiter le réchauffement en dessous de 1,5-2°C d'ici la fin du siècle, mais cela implique des efforts supplémentaires dans le temps."
Paris souhaite que la COP21 débouche sur un accord permettant de revoir périodiquement à la hausse les contributions nationales.
Le groupe indépendant de chercheurs européen Climate Action Tracker estime pour sa part que les plans nationaux impliquent une élévation de température de 2,7 degrés d'ici 2100. Plus pessimiste encore, un groupe d'experts américains, Climate Interactive, prévoit une hausse de 3,5°C.
La CCNUCC n'a pas publié de prévision d'évolution des températures à l'horizon 2100 car les plans nationaux ne portent que jusqu'à 2030.
Avec Reuters