"Le juge (...) a émis un mandat d'arrêt afin qu'il soit arrêté et amené devant la cour", a déclaré à l'AFP son avocat Samuel Wanda, au jour de l'ouverture du procès de l'auteur, qui s'est faite en son absence.
Libéré sous caution le 26 janvier, l'écrivain de 33 ans a fui son pays deux semaines plus tard. Il n'était pas déterminé dans l'immédiat si ce mandat d'arrêt allait s'accompagner d'une demande d'extradition à l'Allemagne.
Kakwenza Rukirabashaija avait été arrêté le 28 décembre, puis inculpé de "communication offensante" envers le président et son fils, le général Muhoozi Kainerugaba, dans une série de tweets. Il y qualifiait notamment d'"obèse" et de "rouspéteur" le général, que beaucoup voient comme le successeur de son père, au pouvoir depuis 1986 et âgé de 77 ans.
Il affirme avoir fui pour faire soigner les blessures subies en détention, durant laquelle il dit avoir été torturé et peut-être empoisonné.
Pourfendeur affiché du pouvoir, Kakwenza Rukirabashaija a publié en 2020 "The Greedy Barbarian" (non traduit en français), roman satirique salué par la critique qui décrit un pays imaginaire gangréné par la corruption. Il a reçu en 2021 le Prix PEN Pinter, attribué à un auteur persécuté pour avoir exprimé ses convictions.
Arrêté à plusieurs reprises, il affirme avoir par le passé été torturé lors d'interrogatoires au sujet de son ouvrage. Il a décrit ses séjours en détention comme "inhumains et dégradants" dans son dernier livre "Banana Republic: Where Writing is Treasonous" (non traduit en français).
Ces dernières années ont été marquées en Ouganda par une répression contre des journalistes, des incarcérations d'avocats ou le musellement de dirigeants de l'opposition.
La semaine dernière, l'écrivain Norman Tumuhimbise et une journaliste ont été inculpés de "cyberharcèlement" contre le président Yoweri Museveni. Un tribunal a ordonné leur libération sous caution lundi.
Mardi, Human Rights Watch a demandé au gouvernement ougandais la fermeture des centres de détention illégaux utilisés par les services de sécurité pour réprimer l'opposition, dans un rapport documentant la torture pratiquée dans ces sites clandestins. L'armée ougandaise a qualifié ce rapport d'"allégations sans fondement".