La dévastation est "pratiquement absolue" a déclaré la maire de San Juan, Carmen Yulin Cruz, à des journalistes dans un refuge de la ville, ajoutant que "de nombreuses parties de San Juan sont complètement inondées".
"Le vent fait le bruit d'une femme criant à pleins poumons", a twitté de Fajardo (nord-est de Porto Rico) le photographe Mike Theiss, qui se présente comme un "chasseur de tempêtes". "Nous sommes absolument pilonnés", a-t-il ajouté.
"C'est la tempête la plus dévastatrice du siècle ou de l'histoire moderne (...) Qui sait ce que seront les dégâts", a déclaré mercredi le gouverneur Ricardo Rossello sur la chaîne CNN, depuis sa résidence alors que le coeur de l'ouragan s'approchait de la capitale San Juan.
L'oeil de l'ouragan de catégorie 4 a touché terre près de Yabucoa, dans le sud-est de l'île, vers 6h15 locales (10h15 GMT), a indiqué le Centre national des ouragans (NHC) américain.
Les images des télévisions depuis Porto Rico montraient des résidents s'abritant dans les cages d'escaliers des immeubles, loin des fenêtres, et des rues battues par des vents déchaînés et pilonnées par des trombes d'eau.
A l'approche du coeur de l'ouragan, les résidents de la capitale San Juan s'abritaient dans les cages d'escaliers, derrière des murs épais, tandis que des trombes d'eaux et des vents déchaînés déferlaient à l'extérieur, arrachant et emportant des arbres qui tombaient sur des véhicules.
"Environ 60% du (réseau) d'électricité est hors service à Porto Rico et nous nous attendons à ce que cela augmente. Les télécommunications sont en train de faillir", a ajouté M. Rossello. Plus de 50.000 foyers sont toujours privés d'électricité depuis le passage d'Irma.
Le cyclone qui se déplace actuellement vers le nord-ouest à 17 km/h, traverse ce territoire américain et devrait passer ensuite au nord de la République dominicaine.
'Tout perdu'
Depuis lundi, Maria traverse les Caraïbes déjà mises à mal par l'ouragan Irma il y a quinze jours, en apportant son lot d'inondations, de toits et arbres arrachés, de coupures d'électricité.
Maria a déferlé mardi sur l'île de La Dominique et l'étendu des dégâts reste encore incertaine, même si aucun mort n'a été recensé officiellement pour le moment. Ce territoire indépendant de quelque 73.000 habitants a "perdu tout ce qui pouvait être perdu", selon son Premier ministre Roosevelt Skerrit.
Des images aériennes de l'AFP montrent une partie de l'île jonchée de débris, notamment de toitures arrachées. Les vents violents ont jusqu'ici empêché les secours de se rendre sur l'île.
Sur Sainte-Croix, une des Îles Vierges américaines, des rafales ont soufflé à 220 km/h, selon le NHC. Mais dès mardi soir, le vent y était "déjà très violent et intense", expliquait une habitante, Coral Megahy, 31 ans, disant "entendre des débris voler".
Sur Saint John, autre Île Vierge américaine encore sonnée par le passage d'Irma, ce nouvel ouragan a plié les arbres et engendré des dégâts matériels, sans victime recensée à ce stade.
Un couvre-feu a été instauré dans les Îles Vierges britanniques, "extrêmement vulnérables", selon le Premier ministre Orlando Smith, après Irma qui y a fait 9 morts. Plus de 1.300 militaires britanniques ont depuis été déployés dans les Caraïbes.
Mais, malgré les craintes, "il semble que les Îles Vierges britanniques ne seront pas aussi durement touchées que précédemment", a estimé mercredi sur la BBC le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, Alan Duncan.
L'ouragan Maria avait auparavant frappé les Antilles françaises, notamment la Guadeloupe où au moins deux personnes sont mortes et deux sont portées disparues, ainsi que La Dominique, qui a été ravagée.
Il a ensuite longé Saint Kitts and Nevis (Saint Christophe et Niévès, îles indépendantes) et Montserrat (Royaume-Uni).
Dans cette dernière île, les conséquences ne devraient pas non plus être aussi terribles qu'après Irma, selon Alan Duncan.
Réchauffement climatique
Maria semble aussi avoir épargné l'île franco-néerlandaise de Saint-Martin, où Irma a fait 15 morts: "à ce stade, rien d'alarmant", indiquait mercredi matin la ministre française des Outre-mer Annick Girardin, qui se trouve en Guadeloupe.
"Nous avons eu du vent et des pluies mais comparé à Irma, ce fut une brise", a relativisé Gordon Snow, rédacteur en chef du Daily Herald de Saint Maarten (partie néerlandaise de Saint Martin) à Paradise FM.
Les autorités françaises locales ont abaissé mercredi le niveau d'alerte, maximal la veille, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy.
Le président français Emmanuel Macron a affirmé mardi que "ces ouragans sont une des conséquences directes du réchauffement climatique", déplorant la décision américaine de sortir de l'accord de Paris sur le climat.
Depuis New York, Jovenel Moïse, le président de Haïti qui se prépare aussi au passage de l'ouragan, a également incriminé le changement climatique: "Nous, les pays de la Caraïbe, ne sommes pas les grands émetteurs de gaz à effet de serre mais aujourd'hui, nous payons les pots cassés".
Avec AFP