"La décision sur la relocalisation de 120.000 personnes (a été) adoptée par une large majorité d'Etats membres", s'est félicitée la présidence luxembourgeoise de l'UE sur Twitter.
La Commission européenne, à l'origine de cette proposition qui a divisé les Européens, a salué "une décision importante".
La décision a été prise à la majorité qualifiée et s'impose donc à la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie qui ont voté contre. La Finlande s'est abstenue. La Pologne, qui jusqu'ici faisait partie du bloc des opposants, a rejoint le camp de la majorité.
"Très bientôt, nous allons découvrir que le roi est nu. Le bon sens a perdu aujourd'hui!", a déploré le ministre tchèque de l'Intérieur Milan Chovanec sur Twitter.
"Certains diront que l'Europe est divisée parce qu'on n'a pas atteint la décision par consensus mais nous sommes dans une situation d'urgence", a estimé le ministre luxembourgeois de l'Immigration Jean Asselborn, maître d'oeuvre des négociations.
"Il fallait aujourd'hui adopter ce texte juridique, sans cela l'Europe aurait été autrement plus divisée!", a-t-il plaidé.
"L'Europe a pris ses responsabilités" envers les réfugiés, a estimé le président français François Hollande, en déplacement à Londres.
La mesure d'urgence proposée par la Commission européenne concerne 120.000 réfugiés syriens, irakiens et érythréens arrivés depuis la fin août en Grèce et en Italie, pays qui sont en première ligne face à une crise migratoire sans précédent sur le Vieux continent depuis 1945.
D'autres pays pourront être ajoutés à la liste des pays en première ligne s'ils sont confrontés à une situation d'urgence.
La Hongrie a d'ores et déjà refusé d'en faire partie, comme le proposait la Commission.
La Croatie, où plus de 35.000 réfugiés sont arrivés en six jours, serait intéressée, mais "cela pourrait aussi être l'Allemagne" qui s'attend à recevoir 800.000 demandeurs d'asile cette année, a souligné son ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière.
- 'Hotspots' -
Une clause permet à un Etat --"dans des circonstances exceptionnelles"-- de suspendre sa participation, pour une période ne pouvant excéder 12 mois et sur moins de 30% du nombre de réfugiés qui lui a été imparti, a précisé M. Asselborn.
"Nous ferons en sorte qu'il y ait une mise en oeuvre rapide", a promis le commissaire à l'Immigration Dimitris Avramopoulos, à la veille d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat ou de gouvernement européens à Bruxelles.
M. Avramopoulos a insisté sur le renforcement rapide --grâce à l'ouverture en Grèce et en Italie de centres d'accueil et d'enregistrement (appelés "hotspots")-- des contrôles aux frontières extérieures de l'UE afin de pouvoir renvoyer chez eux les migrants non éligibles à l'asile.
"Il s'agit de mettre en place de véritables centres d'accueil et de contrôle des frontières de l'UE" et de "permettre la reconduite à la frontière de ceux qui relèvent de l'immigration économique", a expliqué le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Les 28 Etats membres de l'UE avaient déjà peiné à s'accorder sur la répartition de 40.000 réfugiés proposée par la Commission européenne en mai. La mesure avait seulement été entérinée la semaine dernière après d'âpres négociations.
Amnesty International a salué la décision, jugeant "qu'au moins la paralysie complète a été évitée". Mais "les chiffres de relocalisation sont toujours trop bas vu l'immensité de la crise actuelle", a estimé John Dalhuisen, le directeur de l'ONG pour l'Europe.
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