Dans la foulée des attentats djihadistes de Paris le 13 novembre et dans le contexte de la lutte contre la menace terroriste, la Chambre des représentants du Congrès républicain a adopté la semaine dernière, avec l'appui de l'administration démocrate, un projet de loi qui obligerait des Européens qui se sont rendus depuis 2011 en Irak, Iran, Syrie et au Soudan à demander un visa pour un séjour touristique ou professionnel de courte durée aux Etats-Unis.
La loi, si elle est adoptée également par le Sénat, viserait aussi les binationaux, comme un Franco-Syrien, même s'ils ne sont jamais allés dans ces pays.
Jusqu'à présent, les ressortissants de 38 pays, dont 23 Etats européens, bénéficient d'un programme d'exemption de visas appelé ESTA et qui consiste en un formulaire à remplir en ligne. Ce qui n'empêche pas les services consulaires américains de procéder à des vérifications a priori et de contrôler les entrées de ces voyageurs sur leur sol.
Lundi, l'ensemble des ambassadeurs de l'UE et des 28 pays membres en poste à Washington ont assorti leurs critiques de menaces contre le gouvernement américain.
"Une telle mesure sans distinction contre plus de 13 millions de citoyens européens qui se rendent aux Etats-Unis chaque année serait contre-productive, pourrait déclencher des mesures juridiques de réciprocité et ne ferait rien pour améliorer la sécurité tout en affectant, au contraire, les économies des deux côtés de l'Atlantique", ont averti les 29 diplomates emmenés par l'ambassadeur de l'UE David O'Sullivan dans une lettre ouverte publiée par la revue spécialisée sur le Congrès, The Hill.
"Une restriction aveugle (contre) ceux qui se sont par exemple rendus en Syrie ou en Irak affecterait plus probablement les voyages légitimes d'hommes d'affaires, de journalistes, de travailleurs humanitaires ou médicaux, tout en en faisant peu pour détecter ceux qui voyagent de manière plus clandestine par voie terrestre", ont-ils dénoncé.
Le département d'Etat, qui a la main sur ce dossier, a assuré lundi qu'il était "en contact avec les dirigeants européens" et que Washington était "conscient de leurs inquiétudes".
Avec AFP