En Côte d’ivoire, la baguette de pain qui se vend à 150 francs CFA va peser désormais 174 g au lieu d’un poids compris entre 193 à 228 g auparavant et pour ce même prix. Celle qui est un peu plus grosse, à 232 g, coûtera 200 francs CFA.
"On se fait tort de respecter ce poids. Ce qu’il faut dire c’est que ca nous pénalise un peu parce que déjà ca nous met en difficulté avec certains clients, surtout les livreurs. Ça nous met aussi en difficulté avec notre comptabilité. Désormais nos chiffres d’affaires ne sont plus les mêmes", se plaint Daoud Traoré, propriétaire d’une boulangerie.
"Ça nous donne aussi des difficultés au niveau des travailleurs que nous devons payer. [Il est] bien vrai que le prix de la farine augmente mais le salaire de nos employés ne diminue pas, le prix des intrants ne baisse pas. Le prix des matériaux utilisés au niveau de la boulangerie elle-même en dehors de la fabrication du pain ne baisse pas", poursuit-il.
La situation préoccupe les commerçants et vendeurs ivoiriens qui dépendent de la farine de blé. Fanta Kanté, une vendeuse de sandwich devant une boulangerie désespère de son commerce.
"Si le pain devient plus cher que maintenant, là finalement on va arrêter de le vendre. Le poids du pain actuel ne suffit pas souvent. […] Tu es même gêné parce que le pain est très petit. Finalement on va arrêter s’il n’y a pas d’argent. Regarde quelqu’un qui va venir avec 100 francs et il va vouloir payer le pain et le condiment avec. Tu vois que c’est difficile. Donc ils n’ont qu’à revoir leur position. […] Nous, les ménagères sommes fatiguées. Présentement il n'y a même pas de marché donc ceux qui ont 100 francs ne mangeront plus le pain. Parce que si le pain augmente là, il paye les condiments comment ?" s’inquiète la vendeuse.
Moussa Keita, lui, craint pour le mois de Ramadan qui arrive.
"On n’arrive pas à comprendre, avec le mois de ramadan qui approche, on augmente le prix de la baguette de pain. Le pain est consommé surtout par nous les musulmans. Mais au-delà de nous-mêmes c’est toute la population ivoirienne qui consomme beaucoup le pain. Donc une hausse qui n’arrange pas la population", renchérit le croyant. Il en appelle aux autorités d’Abidjan.
"Nous pensons que le gouvernement doit faire plus d’efforts pour essayer d’assurer un bien-être à la population. Ils disent qu’ils le font mais vraiment nous on ne sent pas ça voilà. Le pain vient d’augmenter mais on n’a pas le choix et on ne peut faire autrement. La mesure ne nous plait pas, la mesure ne nous sied pas", ajoute-t-il.
Comme alternative à l’inflation du prix de la baguette, Mariam Traore pense changer ses habitudes alimentaires.
“Actuellement le pain c’est compliqué, ils ont diminué le poids. Pour bien manger le pain il te faut 250 francs CFA. Si tu n’as pas les moyens qu’est-ce que tu fais donc ce n’est pas facile donc le pain où on va là vraiment ça ne nous arrange plus", estime la jeune femme.
Ces tendances à la hausse des prix commencent à s'observer dans plusieurs pays africains.
Au Cameroun, les consommateurs sont inquiets de la tendance à la hausse des prix sur le marché depuis le déclenchement de la crise en Ukraine. Les prix du sucre, de la baguette de pain et de la farine de blé ont augmenté ces derniers jours. Et le gouvernement a même prévenu la population.