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La Camerounaise Solange Ngo Bakoumé fait le plaidoyer des populations autochthones


L’activiste Solange Ngo Bakoumé, en échange au cours de l’atelier sur le genre et le foncier, à Yaoundé, le 3 mars 2022. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
L’activiste Solange Ngo Bakoumé, en échange au cours de l’atelier sur le genre et le foncier, à Yaoundé, le 3 mars 2022. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Solange Ngo Bakoumé est une activiste issue de la communauté bagyeli, l’un des peuples autochtone de forêt du Cameroun. Elle défend les droits fonciers et l’accès aux ressources naturelles de sa communauté.

En 2010, Solange Ngo Bakoumé est désignée comme porte-parole pour dénoncer l’accaparement des terres, la pollution environnementale des agro-industries de l’hévéa et de l’huile de palme auprès des campements Bagyeli. Ils disent être marginalisés et victimes d’abus de ces agro-industries et des bantous, leurs voisins.

"Ce qui nous fait mal, c'est que l'Etat n'a pas pris compte de notre mode de vie. L'Etat ne s’est pas soucié de l'avenir de nos enfants Peut-être que ce ne sera pas nous qui allons bénéficier du combat que je mène actuellement peut-être que dans l'avenir nos enfants vont bénéficier de cela", confie à VOA Afrique, Solange Ngo Bakoumé.

Un campement de bagyeli à proximité d’une agro-industrie d’hévéa, au village Nkongho, le 8 mars 2022. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Un campement de bagyeli à proximité d’une agro-industrie d’hévéa, au village Nkongho, le 8 mars 2022. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Derrière sa petite silhouette, Solange Ngo Bakoumé, la trentaine révolue, mariée et mère de 5 enfants, ne rate aucune occasion pour exprimer le mal-être de la communauté Bagyeli du Sud Cameroun.

En prélude à la journée internationale des droits des femmes, Solange Ngo Bakoumé a pris la parole lors d’un atelier multi-acteurs sur le genre et le foncier tenu à Yaoundé sous l’égide du Centre environnemental pour le développement (Ced).

"Vous n'ignorez pas que l'homme Bagyeli vit de la chasse, de la cueillette, de la pharmacopée, de la pêche, quand nous perdons ces choses, on n'a plus un mode de vie normal", a-t-elle lancé à l’endroit des représentants de l’administration et des bailleurs de fonds internationaux.

Les Bagyelis sont un peuple autochtone qui vivait jadis en forêt. Mais les pouvoirs publics les ont incités à quitter leur milieu naturel pour cohabiter avec les bantous. L’activiste Bagyeli Solange Ngo Bakoumé soutient que cette cohabitation est devenue houleuse au fil du temps.

"Je me rappelle, en 2019 j’avais pris part à un atelier organisé par l’Association culturelle et de développement des Bagyeli et on m'a demandé de dire comment nous vivons. Lorsque mon intervention a été diffusée, j’ai été convoqué ici au village par les bantous, ils ont menacé de me porter plainte, j’ai même reçu des menaces de mort de plusieurs personnes. Les gens m'accusaient d'avoir parlé à la radio".

Les dénonciations faites par Solange Ngo Bakoumé commencent à porter des fruits, à la grande satisfaction de sa communauté.

"Nous nous réjouissons de ce que Solange fait pour la défense de nos droits, même vis-à-vis de nos frères bantous qui parfois nous menacent. Son travail a fait disparaitre en nous toute peur. Il est évident que les choses sont en train de changer. Les visites des ONG au sein de la communauté par exemple sont un pas à ne pas négliger, preuve de ce que nos voix sont portées grâce au travail de Solange", témoigne Mathieu Walla, un jeune bagyeli du village Bagandé dans le sud du Cameroun.

Grâce à l’activisme de Solange Ngo Bakoumé, certains campements Bagyelis ont désormais des points d’eau potable et un accès gratuit aux soins de santé. De même, les agro-industries ont été contraintes de revoir leur politique environnementale et de renoncer à l’extension de leurs plantations dans lesdits villages.

Aussitôt une victoire est acquise, l’activiste tacle un autre défi: ces derniers jours, elle fait le plaidoyer pour l’érection des chefferies bagyeli dirigées par les leurs.

L'objectif, dit-elle, est "éviter le parti pris des chefs bantous lors des litiges fonciers".

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