Les instances dirigeantes des chrétiens-démocrates (CDU) d'Angela Merkel se retrouvent dès lundi matin à Berlin tout comme les sociaux-démocrates du SPD.
Les conservateurs vont se pencher sur le camouflet historique qu'a essuyé dimanche la CSU bavaroise, le parti "frère" de la CDU, qui se réunit aussi lundi, après avoir perdu avec 37% des suffrages sa majorité absolue au parlement régional et 10 points par rapport à 2013.
Le SPD a lui reçu une véritable gifle, perdant près de la moitié de ses électeurs pour se retrouver à 9,5%.
Balayer le gouvernement
Sept mois après avoir été formée dans la douleur, et après deux crises internes cet été, la grande coalition CDU/CSU-SPD de la chancelière semble au pied du mur.
"L'épicentre de ce séisme politique est en Bavière, mais il peut provoquer un tsunami qui balayera le gouvernement fédéral", assène le magazine de référence Der Spiegel sur son site internet.
Il s'agit pour les intéressés d'enfin résoudre le conflit opposant le chef de la CSU et ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, au SPD et à Mme Merkel.
Car c'est lui qui a provoqué durant l'été 2018 deux crises gouvernementales afin de pousser des thèmes chers à l'extrême droite et regagner les électeurs charmés par l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) en raison de l'accueil décidé en 2015 par Mme Merkel de plus d'un million de demandeurs d'asile.
Mais au final les gagnants du scrutin bavarois sont les Verts, 2e avec près de 18%, et l'AfD qui fait son entrée dans son 15e parlement régional sur 16 avec 10,6% des voix.
Rien pour rassurer la chancelière allemande donc, alors que son propre parti, la CDU, s'engage dans un scrutin tout aussi ardu le 28 octobre en Hesse, Land que les conservateurs dirigent en coalition avec les écologistes.
"C'est un avertissement pour la CDU et c'est pourquoi notre priorité des deux semaines à venir doit être la Hesse", a dit dimanche la secrétaire générale du parti Annegret Kramp-Karrenbauer.
Un mauvais score viendrait compliquer encore les choses pour Angela Merkel qui affronte en décembre un vote de militants pour être reconduite à la tête de son parti.
Au pouvoir dans la première économie européenne depuis 13 ans, la chancelière allemande a connu une année très difficile, conséquence politique de sa décision de 2015 d'ouvrir l'Allemagne aux migrants en détresse.
Même si elle a considérablement resserré sa politique dans ce domaine, Angela Merkel a été handicapée par l'essor de l'extrême droite aux législatives de septembre 2017.
Elle a bataillé pour former une coalition gouvernementale où le SPD récalcitrant et la CSU ne semblent pas vouloir s'entendre. Dans l'opinion, le désamour n'a lui cessé de croître.
Le baromètre national publié dimanche par le quotidien Bild crédite le couple CDU/CSU d'un piètre 26%, quand le SPD végète à 17%, au même niveau que des Verts et juste devant l'extrême droite (15%).
"Au revoir Merkel" ?
Illustrant cette recomposition du paysage politique, la stratégie droitière déployée ces derniers mois par la CSU pour regagner les voix conquises par l'AfD n'a pas eu l'effet escompté.
Selon les enquêtes d'opinion, les citoyens tentés par l'extrême droite n'ont pas été convaincus de revenir dans le giron des conservateurs et d'autres, plus modérés, se sont tournés vers les Verts.
Autre problème pour la chancelière, les intentions futures du SPD alors que des voix réclament bruyamment une sortie du gouvernement et une cure de jouvence dans l'opposition.
D'ailleurs, l'extrême droite s'est empressée de réclamer le départ du gouvernement devenu une "mini-coalition".
"Celui qui a voté AfD en Bavière a dit aussi +Merkel doit partir+", a proclamé une de ses dirigeantes, Alice Weidel, "libérez la voie pour des élections anticipées !".
Elle a reçu le soutien du ministre italien de l'Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, qui a proclamé par communiqué la "fin du vieux système" et lancé un "Au revoir Merkel"
Avec AFP