"La fermeture du camp de réfugiés de Dadaab va mettre en danger et entraîner la persécution de réfugiés et demandeurs d'asile s'ils sont renvoyés de force sans une évaluation correcte de leur sécurité", affirme le texte de cette plainte, dont une copie a été transmise à l'AFP.
Dadaab, situé près de la frontière avec la Somalie, accueille 350.000 personnes, pour la plupart des Somaliens qui fuient leur pays déchiré depuis plus de 20 ans par la guerre civile.
La KNCHR, un organisme indépendant instauré par la Constitution kényane, estime notamment que cette fermeture violerait "divers instruments légaux nationaux, régionaux et internationaux protégeant les réfugiés".
Dans l'attente d'un examen sur le fond, la KNCHR a notamment demandé que la décision du gouvernement kényan de rapatrier les réfugiés somaliens soit suspendue, et que l'organisme gouvernemental en charge des réfugiés (DRA), dissous par le gouvernement, reprenne ses activités.
Cette dissolution signifie que même si des réfugiés déposent des demandes pour en obtenir le statut, il n'y a plus aucune autorité administrative pour examiner leur dossier.
Qualifiée d'"anticonstitutionnelle", la dissolution du DRA a "des conséquences négatives et d'une portée considérable sur les droits et libertés fondamentaux de milliers de réfugiés et demandeurs d'asile (...) car cela les prive de ressources vitales qui leur sont offertes par ce département", selon la KNCHR.
Evoquant des "intérêts de sécurité nationale", le gouvernement kényan avait affirmé le 6 mai qu'il cesserait d'accueillir des réfugiés somaliens et fermerait le camp de Dadaab. Il avait ensuite précisé vouloir fermer le camp "au plus tard au mois de novembre".
Le gouvernement kényan assure, sans en fournir la preuve jusqu'à présent, que c'est à Dadaab qu'avaient été planifiées les attaques très meurtrières des islamistes somaliens shebab contre le centre commercial Westgate à Nairobi, en 2013, et contre l'université de Garissa (nord-est du Kenya), en 2015.
Alors que le gouvernement ne cesse de répéter qu'il mettra ses plans à exécution, des voix du monde humanitaire ou universitaire se sont élevées pour contester le projet et mettre en doute sa faisabilité, tant logistique que juridique.
Ces experts estiment qu'à l'heure où l'attention humanitaire se porte surtout sur la crise migratoire en Europe, et où le Kenya est mécontent de la lenteur des rapatriements volontaires vers la Somalie prévus par un accord signé en 2013, l'annonce est un moyen pour Nairobi de se repositionner dans l'agenda international.
Avec AFP