Dans son rapport annuel sur l'évolution de la situation des droits humains en 2015, Amnesty International s’inquiète de l’augmentation du nombre de civils exposés à des exactions commises par des groupes armés, de la multiplication des attaques contre la liberté d'expression et de l’aggravation de la crise des réfugiés à travers le monde.
L’année « 2014 s'est révélée catastrophique pour des millions de personnes en proie aux violences » constate Amnesty dans son rapport. L’ONG de défense des droits humains fustige la réponse de la communauté internationale aux conflits et aux violations commises à la fois par des États et des groupes armés, la jugeant « scandaleuse et inopérante ». Alors que la situation des droits humains empire à travers le monde, la communauté internationale « s'est montrée absente », ajoute-t-elle.
« Jamais les civils n’ont été autant la cible d’attaques », affirme Hassiba Hadj Sahraoui, haute responsable d’Amnesty pour le Proche Orient et l’Afrique du Nord. Dans une interview avec la Voix de l’Amérique (VOA), elle a souligné que les civils sont pris en étaux entre les Etats d’une part, et les groupes armés. « Ce sont les populations civiles, les populations les plus vulnérables – les femmes, les enfants - qui vont payer un prix élevé », dit-elle. « C’est vrai tant en Irak qu’en Syrie, ou au Nigéria avec Boko Haram », ou encore en Libye.
Toujours selon le rapport d’Amnesty International, la liberté d'expression est de plus en plus menacée, notamment par des violations découlant de nouvelles lois antiterroristes et d'une surveillance étatique abusive. « On ne combat pas des mouvements radicaux sans liberté d’expression, et le prix que certains paient pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression est immense », souligne Hassiba Hadj Sahraoui.
Tout en s’inquiétant de la montée en puissance de groupes armés non étatiques, dont l'État islamique (EI) ou encore Boko Haram, Amnesty constate l’impuissance de la communauté internationale, notamment aux Nations Unies.
« Pour des raisons de défense d'intérêts particuliers ou d'opportunisme politique, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est montré incapable de résoudre les crises et les conflits qui ont déchiré Gaza, l'Irak, Israël, la Syrie et l'Ukraine, même dans les situations où des États ou des groupes armés se rendent coupables de crimes atroces à l'encontre de civils » dénonce Amnesty. L’ONG appelle les cinq membres permanents du Conseil de sécurité « à renoncer à faire usage de leur droit de veto en cas de génocide ou d'autres atrocités de masse ».