Le montant exact du soutien financier promis pour 2017-2020 devait être connu à la fin de la conférence mercredi soir. Il devrait osciller autour de 12 milliards d'euros, contre 14 milliards sur les quatre années précédentes.
Comme prévu lors de la précédente conférence de donateurs, à Londres en 2014, l'aide doit "progressivement diminuer" à mesure que s'écoule la décennie de la transformation (2015-2024) de l'Afghanistan synonyme de son "autonomie croissante", a expliqué M. Kerry, dont le pays contribue pour un tiers environ.
Alors que l'insécurité reste le fléau numéro un dans le pays, quinze ans après la chute des talibans chassés du pouvoir par une intervention américaine, John Kerry a pressé ces insurgés de sceller une paix "honorable" avec les autorités de Kaboul.
Il a cité comme "modèle" à suivre l'accord de paix signé fin septembre entre Kaboul et l'un de ses pires criminels de guerre, Gulbuddin Hekmatyar, surnommé le "Boucher de Kaboul", encore en exil et qui s'est vu garantir l'immunité et un possible retour en politique malgré des protestations.
Il n'y pas de développement possible en Afghanistan sans une meilleure sécurité pour les Afghans: tel est le message martelé par les dirigeants occidentaux pour justifier l'aide, avec au passage un appel à un plus grand soutien à la paix de la part des puissances régionales, Chine, Inde et Pakistan.
"Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est parce qu'investir dans la sécurité en Afghanistan et dans le succès de l'Afghanistan c'est investir dans notre propre sécurité", a déclaré devant les caméras le chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini.
Les 28 pays de l'UE, a-t-elle souligné, devraient collectivement s'engager à hauteur de "1,2 milliard d'euros" par an, soit environ 40% du total sur 2017-2020.
"Il est important que la communauté internationale envoie un message fort de soutien au peuple et au gouvernement de l'Afghanistan", a fait valoir de son côté le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon
Si les ONG restent sur leur faim, notamment en matière de lutte anticorruption, l'effort de réformes entrepris depuis deux ans par le gouvernement d'union nationale du président afghan Ashraf Ghani lui a valu des superlatifs dans la bouche de Ban Ki-moon ("impressionnant") ou de John Kerry ("absolument incontestable").
Retour des migrants économiques illégaux
L'aide financière est en effet conditionnée par les réformes, notamment par l'assainissement des finances publiques, et M. Ghani a profité de la tribune pour assurer que la cible fixée pour 2016 en terme de collecte des impôts avait déjà été atteinte "avec trois mois d'avance".
Dans un rapport publié à l'occasion de ce rendez-vous médiatisé, l'ONG Transparency International (TI) a invité M. Ghani à "accélérer" la lutte anticorruption en ciblant une vingtaine de mesures clés.
Un huitième de l'aide internationale est gaspillé par des détournements d'argent, de matériel et dans l'enrichissement personnel de hauts responsables, estime TI.
Amnesty International a exigé pour sa part que le soutien des Occidentaux ne soit "pas conditionné" par la réadmission de migrants afghans sur leur sol, alors que l'Afghanistan est actuellement le deuxième pourvoyeur de demandeurs d'asile dans l'UE, après la Syrie.
L'UE a signé dimanche à Kaboul avec les autorités afghanes un accord négocié en toute discrétion destiné notamment à faciliter les retours des Afghans déboutés de l'asile.
Mais cette question "n'est pas à l'agenda aujourd'hui, il n'y a jamais jamais (sic) de lien entre notre aide au développement et ce que nous faisons sur la migration", a insisté Mme Mogherini.
Le président du conseil européen Donald Tusk, hôte officiel avec M. Ghani de la centaine de délégations présentes à la conférence, n'a lui pas voulu éclipser le sujet.
"L'Union européenne est leader en Occident dans la prise en charge des réfugiés. On n'attend pas de compliments. Mais les pays de départ doivent reprendre leurs migrants économiques en situation irrégulière", a-t-il tweeté.
Avec AFP