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La condamnation d'an de prison ferme pour "séquestration" d'une mineure au Tchad jugée trop "légère"


Yéna Timothée, président de la Cour d'appel de N'Djamena, au Tchad, le 11 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Yéna Timothée, président de la Cour d'appel de N'Djamena, au Tchad, le 11 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad, le bourreau de la jeune Hawariya, Haroun Hissein, âgé d’une quarantaine d’années, a été condamné à un an de prison ferme pour détournement de mineur et séquestration par la cour d’appel de N’Djamena.

Enlevée en décembre 2015 dans le sud du Tchad à l’âge de 13 ans, puis déportée dans l’est du pays, Hawariya a retrouvé ses parents trois mois plus tard. Une action judiciaire a été enclenchée contre Haroun Hissein, accusé de détournement de mineur le 20 avril 2016.

Le 30 juin de la même année, le parquet d’instance de N’Djamena a classé le dossier sans suite pour infraction non constituée.

La décision semblait ne pas tenir compte d’une loi sur l’interdiction du mariage d’enfants signé en mars 2015 par le président Déby et qui stipule "est punie d’un emprisonnement de cinq à dix ans et d’une amende de 500 mille à 5 millions de FCFA, toute personne qui contraint par quelque moyen que ce soit, une personne mineure au mariage".

Les parents de la jeune fille avait donc fait appel et après 9 renvois, la Cour d’appel a rendu le verdict la semaine dernière par contumace: un an d’emprisonnement ferme. Une sentence qui est loin de satisfaire la famille de la victime.

"C’est un verdict au rabais", estime Saleh Moussa Idriss, le cousin de la jeune victime.​ "Nous faisons cette lutte non seulement pour cet enfant, mais pour que cette lutte serve de modèle et donne du courage à ceux qui se sont tu face à cette impunité de se lever et dire non".

Mekonbé Thérèse, présidente de l'association des Femmes juriste du Tchad, à N'Djamena, au Tchad, le 10 novembre 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Mekonbé Thérèse, présidente de l'association des Femmes juriste du Tchad, à N'Djamena, au Tchad, le 10 novembre 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

La présidente de l’association des Femmes juriste du Tchad, Thérèse Mékonbé, dénonce la lenteur judiciaire dans ce dossier alors que la victime faisait partie de la délégation tchadienne à la 71e session des Nations Unies sur le mariage des enfants tenue en 2016 à New York.

Les autorités tchadiennes avaient brandi la jeune fille comme trophée pour la lutte contre le mariage forcée au Tchad.

Pour la société civile, la justice a été trop complaisante à l’égard d’Haroun Hissein et exige que "ses actes doivent être punis à la hauteur des préjudices que les victimes ont subi".

"C’est une justice qui a tranché, c’est vrai mais elle a été trop légère", juge-t-elle.

Traumatisée, la jeune Hawariya se rappelle du moment dur qu’elle a traversé. Elle affirme avoir subi un traitement cruel et dégradant.

Hawariya et son cousin à N'Djamena, au Tchad, le 10 novembre 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Hawariya et son cousin à N'Djamena, au Tchad, le 10 novembre 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

​"Il m’a enlevé pour une destination inconnue. Ils ont attaché mes bras et mes jambes et mon jeté dans la voiture. Arrivés à la barrière de Kyabé (Sud du Tchad), ils m’ont détaché et m’ont menacé avec des couteaux et m’ont demandé de me taire, sinon ils vont m’égorger. Ça fait presque trois ans que l’affaire traîne. Mais si on ne l’arrête pas, il ne va pas me laisser poursuivre mes études."

Les avocats de la défense, accusent les parents de la jeune Hawariya d’avoir falsifié son acte de naissance et menacent de saisir la Cour suprême.

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