Dans ce message intitulé "Le Tchad que nous voulons", le prélat tchadien attire l’attention des gouvernants sur les violations graves des textes internationaux relatifs au respect des droits humains.
Le message relève également que nombre des textes internationaux ratifiés par le Tchad et même certaines lois importantes n’ont pas eu de décrets d’application. Ce qui selon les évêques du Tchad, laisse libre cours à l’arbitraire, à l’exploitation et favorise l’immixtion du pouvoir dans les affaires judiciaires avec une vague d’arrestation des personnalités politiques.
Monseigneur Joachin Kouraleyo, évêque de Moundou explique que "l’ordonnance 06 portant sur la santé de la reproduction au Tchad n’a pas vu son décret d’application, la charte africaine de la jeunesse qui n’a pas été traduite dans la politique nationale, la convention sur l’élimination de toute force de violence à l’égard des femmes ratifiée depuis 20 ans sans être incorporé dans le droit national".
Pour lui, l’imposition de serment confessionnel par le pouvoir politique est une réponse sur l’immixtion de l’exécutif sur les affaires judiciaires. C’est trop demandé aux gens de prendre un tel engagement. Monseigneur Joachin Kouralyo a déclaré qu’un serment confessionnel n’a pas sa place dans un pays qui se dit laïc.
Des allégations qui ne sont pas juste réplique le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Djimet Arabi. "J’ai fait plus de deux ans au ministère de la justice, et je n’ai jamais, au grand jamais reçu des orientations de l’exécutif pour demander aux juges de prendre des décisions dans tel ou tel sens", rétorque Djimet Arabi
Une journée de prière nationale a été instituée depuis 2010 où toutes les trois confessions réligieuses se réunissent ensemble une fois par an pour prier pour la paix.
Abbé Yves Allangomi Guiralbaye, secrétaire général de la conférence épiscopale du Tchad, souligne que même si les trois confessions religieuses prient ensemble, il y a une quête d’exclusion de la paix.
Il y a des personnes qui n’arrivent pas à faire porter très loin leur voix. Quelle est leur place dans cette quête de la paix. Est-ce c’est la paix du plus fort, est ce que c’est la paix qui exclut les pauvres, s’interroge Abbé Yves Allangomi. "Il y a une quête d’élimination au maximum des personnes qui ne voient pas comme moi, qui ne pensent pas comme moi, qui ont d’autres avis à donner. Et ça ce n’est pas une quête de la paix", a-t-il déploré.
Contacté par VOA Afrique au sujet de la politique du régime actuel en faveur de la paix, les responsables du parti au pouvoir, n’ont pas souhaité réagir.