Des milliers de délégués triés sur le volet venus de toute la Corée du Nord se sont rendus à Pyongyang pour assister à ce rassemblement exceptionnel du Parti des travailleurs de Corée (PTC), dans l'imposant Palais du 25 avril.
Kim Jong-Un, 33 ans, n'était pas né lors du dernier événement du genre, en 1980. Il devait prononcer une allocution liminaire qui sera scrutée de près par les observateurs à la recherche de signes éventuels d'un changement de ligne ou de personnes, avec l'ascension possible d'une nouvelle génération de cadres choisis pour leur loyauté.
Les médias officiels ont salué à cette occasion le dernier test nucléaire nord-coréen, mené le 6 janvier, témoignage "de la grandeur et du prestige" de la Corée du Nord "en tant qu'Etat nucléaire".
La Commission pour la réunification pacifique de la Corée (CRPC) a dénoncé l'opposition de la communauté internationale au programme nucléaire nord-coréen.
"Qu'il soit reconnu ou pas, notre statut d'Etat nucléaire doté de la bombe H ne changera pas", a-t-elle affirmé.
Le congrès de 1980 avait été organisé pour désigner Kim Jong-Il, père du dirigeant actuel, comme l'héritier de son propre père, Kim Il-Sung, fondateur de cette dictature dynastique qui dure depuis près de 70 ans.
- Huis clos -
La centaine de journalistes étrangers invités à couvrir l'événement 2016 n'étaient pas autorisés à pénétrer à l'intérieur du Palais du 25 avril, dont la façade était décorée de portraits géants des deux dirigeants défunts.
Les photographes et vidéastes étaient tenus à 200 mètres à l'écart.
La télévision officielle nord-coréenne s'est abstenue de toute couverture en direct, consacrant ses émissions de la matinée à des images d'archives sur les prouesses du parti et des concerts patriotiques.
Le menu de la réunion n'est pas connu, non plus que sa durée. Mais l'objectif principal sera vraisemblablement d'asseoir le statut de Kim Jong-Un en tant qu'héritier légitime de ses grand-père et père.
Le congrès devrait également confirmer, comme doctrine du parti, la stratégie du "byungjin" initiée par Kim Jong-Un, à savoir le fait de mener en tandem développement économique et programmes nucléaire et balistique.
Des drapeaux du PTC, ainsi que le drapeau national, ont fleuri au bord des larges avenues de Pyongyang. "Les grands camarades Kim Il-Sung et Kim Jong-Il seront toujours parmi nous", proclamaient les bannières.
Les préparatifs au congrès ont mobilisé le pays tout entier pendant 70 jours, campagne dénoncée comme du travail forcé par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch.
Les journalistes étrangers étaient dûment accompagnés de "gardiens", et les passants acceptant de s'exprimer s'en tenaient à la ligne officielle.
- Autodéfense -
Kim Hyang, 26 ans, employée de bureau, estime que l'arsenal nucléaire nord-coréen est le produit inéluctable de l'agression américaine.
"Nous avons besoins d'armes nucléaires car les Etats-Unis et leurs fidèles veulent nous étouffer. Ils menacent le Nord avec les armes nucléaires, alors si nous voulons défendre notre souveraineté, la paix et la sécurité, nous devons avoir l'arme nucléaire", a-t-il affirmé.
Depuis l'arrivée du jeune dirigeant au pouvoir en décembre 2011, après le décès de son père, la Corée du Nord a mené deux essais nucléaires et deux tirs réussis de fusée, généralement considérés comme des essais déguisés de missiles balistiques.
Alors même que la communauté internationale réagissait par des condamnations doublées de sanctions, Kim Jong-Un a poursuivi avec détermination ses efforts pour mettre au point une dissuasion nucléaire crédible, à l'aide de tests de missiles et d'essais techniques complémentaires.
Il s'est également montré impitoyable envers tous ceux qu'il considérait comme déloyaux au sein du parti, du gouvernement et de l'armée. Il a ordonné l'exécution de son oncle et ex-mentor, Jang Song-Thaek.
Les spéculations s'étaient multipliées ces derniers temps sur la possibilité que Pyongyang s'apprête à mener un cinquième essai nucléaire qui coïnciderait avec la tenue du congrès.
Les spécialistes de l'Institut américano-coréen de l'université Johns Hopkins ont dit jeudi, sur la foi des dernières images satellite du principal site nord-coréen d'essais nucléaires à Punggye-ri, que rien ne permettait de se prononcer sur l'imminence ou non d'un essai.
Le gouvernement sud-coréen juge, lui, que Pyongyang est prêt à mener un test dès que l'ordre en sera donné. Il n'exclut pas qu'un essai puisse être mené pendant le congrès lui-même.
Avec AFP