Depuis février 2016 et la première mission de l'Aquarius, le bateau avec lequel l'ONG SOS Méditerranée recueille les migrants qui tentent de gagner l'Europe sur des bateaux de fortune, "rien n'a changé en Méditerranée", a expliqué Francis Vallat, président de l'ONG en France, lors d'une conférence de presse à Paris.
"Les hommes, femmes et nombreux enfants secourus en mer fuient les violences généralisées qui ne font que s'aggraver en Libye", de loin le premier point de départ des migrants qui arrivent d'Afrique en Europe, a-t-il ajouté.
Alors que le nombre de migrants venus de Libye et secourus en mer par l'ONG avait baissé depuis l'été dernier, il est reparti à la hausse en octobre, atteignant déjà 606, contre 391 en septembre, a précisé la cofondatrice et vice-présidente de l'ONG, Sophie Beau.
Mme Beau a elle aussi souligné le rôle moteur de la situation chaotique en Libye, où milices et trafiquants prospèrent et "kidnappent, violent, torturent, extorquent et font vivre l'enfer aux migrants".
"De plus en plus, les migrants que nous secourons racontent avoir pris la mer car ils n'en pouvaient plus d'être victimes de ces violences généralisées. Ils sont piégés car ils n'ont plus de papiers, et leur seul échappatoire est de prendre la mer", a-t-elle expliqué à l'AFP.
"Beaucoup nous disent qu'il n'avaient pas le projet de prendre la mer, mais qu'ils l'ont fait pour échapper à l'enfer libyen, et à cette traite humaine généralisée qui fait penser à la traite négrière" d'antan, "car c'est un système tout aussi organisé", a-t-elle ajouté.
Mme Beau a également souligné la présence croissante de mineurs parmi les migrants secourus par l'ONG (241 sur 606 en octobre). "Alors qu'ils comptaient pour 20% l'an dernier, on est à 35% cette année, dont 80% à 90% sont non accompagnés".
Selon les derniers chiffres du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), près de 145.000 migrants sont arrivés d'Afrique par la mer en Europe du sud depuis le début de l'année, dont les deux tiers en Italie, et près de 2.800 sont morts ou ont disparu pendant la traversée.
Avec AFP