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La crise politique s'éternise en Afrique du Sud


Le président Jacob Zuma s'adresse au Parlement au Cap, le 2 novembre 2017
Le président Jacob Zuma s'adresse au Parlement au Cap, le 2 novembre 2017

L'Afrique du Sud était suspendue vendredi à l'issue de tractations au sommet pour obtenir le départ anticipé du président Jacob Zuma, exigé par la direction de son parti qui a annulé ses engagements publics pour accélérer la fin de la crise.

La liste des scandales autour de M. Zuma, au pouvoir depuis 2009, ne cesse de s'allonger, discréditant son parti, le Congrès national africain (ANC), à l'approche des élections générales de 2019.

Pour enrayer la chute de popularité du parti, son tout nouveau chef Cyril Ramaphosa, élu en décembre, tente d'obtenir au plus vite le départ de l'encombrant chef de l'Etat.

>> Lire aussi : La direction de l'ANC annule tout engagement en Afrique du Sud

Une tâche difficile, compte tenu des divisions au sein de l'ANC et de la ténacité de Jacob Zuma. Réputé insubmersible, le président a jusqu'à présent toujours su habilement manoeuvrer pour se maintenir au pouvoir malgré ses déboires judiciaires, ses piètres résultats économiques et un taux de chômage record (27,7%).

Dimanche, les six plus hauts responsables de l'ANC - le Top Six - l'ont prié de démissionner. Il a refusé, déclenchant une crise qui a bouleversé le calendrier politique.

Pour tenter d'en sortir, MM. Zuma et Ramaphosa ont entamé des discussions directes et constructives sur la "transition". Leur issue est "imminente", a assuré jeudi l'ANC.

Vendredi, le Top Six a annulé tous ses engagements publics prévus dans la journée dans le cadre du centenaire de la naissance de la figure historique de l'ANC, Nelson Mandela.

Cette décision de dernière minute a été prise "en raison d'autres engagements nécessitant leur présence", a expliqué le parti sans plus de détails, laissant penser que le Top Six se concentrait sur la crise qui paralyse le pays.

Plus tôt cette semaine, le discours annuel du président devant le Parlement, temps fort de la vie politique sud-africaine, avait été reporté pour la première fois de l'histoire à une date ultérieure.

M. Zuma était attendu vendredi après-midi à Pretoria, la capitale politique, après une série de réunions au Cap, siège du Parlement, a indiqué le groupe audiovisuel public SABC.

Selon le journal The New Age, appartenant à la sulfureuse famille Gupta, très proche du président, M. Zuma "doit rencontrer ce week-end sa famille à Pretoria pour discuter de son départ".

"On s'attend à ce qu'il donne sa démission au plus tôt lundi", a ajouté une source anonyme cité par le quotidien. "Entretemps, il continuera à discuter avec le président (de l'ANC) Ramaphosa pour régler les derniers détails".

M. Zuma tente coûte que coûte de garantir son immunité, mais aussi celle de membres de sa famille impliqués dans plusieurs dossiers judiciaires.

Il pourrait notamment être poursuivi pour avoir touché des pots-de-vin dans un vieux dossier de contrat d'armement.

La question de l'immunité de M. Zuma place M. Ramaphosa, pourtant considéré comme un fin négociateur, dans une position extrêmement inconfortable, lui qui s'est fait élire sur un programme de lutte contre la corruption.

"Je pense que des concessions seront faites", a avancé à l'AFP l'analyste Ralph Mathekga, tablant sur une fin de crise ce week-end.

En pleines négociations, les deux hommes ont annulé ou reporté jeudi leurs engagements prévus en cette fin de semaine. Un discours du chef de l'ANC dimanche après-midi au Cap a en revanche été maintenu.

Si M. Zuma démissionne, il sera remplacé par M. Ramaphosa, vice-président de l'Afrique du Sud en exercice, pour un intérim de 30 jour maximum, le temps pour le Parlement d'élire un nouveau chef de l'Etat. Sauf nouveau coup de théâtre, M. Ramaphosa est assuré d'être élu.

L'ANC, au pouvoir depuis la fin officielle du régime d'apartheid en 1994, doit agir au plus vite. Le parti "se retrouve au pied du mur, il doit donc prendre une décision claire", a estimé M. Mathekga.

La présentation du budget est prévue pour le 21 février. Et le 22, le Parlement doit débattre d'une motion de défiance, la neuvième déposée contre M. Zuma depuis son arrivée au pouvoir. La dernière, en août, avait échoué à 24 voix près.

Avec AFP

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