Le nouveau patron du Département d’Etat a promis de travailler pour le succès de la diplomatie américaine, tout en disant compter sur la collaboration et l’expertise d’un personnel diplomatique pas entièrement acquis à la cause du nouveau président. Plus de 900 employés ont signé une pétition contre les mesures de Donald Trump sur l’immigration…
Léonard Wantchekon est professeur de sciences politiques et d'économie à l'université Princeton
Celui qui va diriger la diplomatie de la première puissance mondiale est un ingénieur texan de 64 ans, qui a fait toute sa carrière jusqu'au sommet d'ExxonMobil et n'a aucune expérience politique même s'il est proche de plusieurs chefs d'Etat.
"Salut, je suis le nouveau gars", a lancé Rex Tillerson sous les rires de 2.000 employés du département d'Etat qui l'ont accueilli dans ce gigantesque bâtiment du sud de Washington, qui pilote le premier réseau diplomatique et consulaire de la planète et ses 75.000 employés.
Si le 69e secrétaire d'Etat n'a rien dit de ses priorités diplomatiques, il a reconnu que les Etats-Unis sortaient d'une "élection extrêmement disputée" et que la victoire du milliardaire Donald Trump n'était pas du goût de tous au sein de l'appareil d'Etat.
"Chacun de nous a le droit d'exprimer ses opinions politiques. Mais nos convictions personnelles ne doivent pas entraver notre travail d'équipe", a mis en garde ce capitaine d'industrie qui a dirigé de 2006 à fin 2016 une multinationale pétrolière pesant 350 milliards de dollars en Bourse.
Le nouveau chef de la diplomatie a ainsi fait allusion à l'"insurrection" bureaucratique, selon l'expression d'un responsable, qui secoue un département d'Etat réputé progressiste.
Près d'un millier de diplomates et fonctionnaires contestataires ont en effet signé cette semaine un mémorandum dit "dissident", via un canal de communication interne au ministère, pour s'insurger contre le décret anti-immigration qu'a pris Donald Trump vendredi dernier et qui gèle l'entrée de ressortissants de sept pays musulmans et de réfugiés.
Un dossier qu'évoquera peut-être Rex Tillerson au cours de son premier entretien de ministre avec son homologue allemand Sigmar Gabriel. Le président Trump avait condamné la politique d'accueil de réfugiés de la chancelière Angela Merkel.
Avec AFP