Au total, plus de 20 millions de personnes vivant dans des zones frappées par la sécheresse au Nigeria, au Soudan du Sud, en Somalie et au Yémen souffrent de famine ou risquent très fortement d'en souffrir dans ce qui apparaît comme "la pire crise que nous ayons vue depuis 50 ans".
"Alors que toutes ces zones sont en difficulté, le nord-est du Nigeria est celle qui nous perturbe le plus", a expliqué lors d'une conférence de presse Denise Brown, coordonnatrice des situations d'urgence au sein du Programme alimentaire mondial (PAM), une organisation spécialisée de l'ONU fondée il y a 54 ans et basée à Rome.
Au Nigeria, le PAM arrive à faire parvenir un peu d'aide à 1,2 million de personnes "au bord du gouffre" de la famine, mais a désespérément besoin de fonds. Et il reste 600.000 autres personnes menacées mais inatteignables près des frontières avec le Niger et le Tchad "à cause du conflit en cours".
"Ce n'est pas seulement une question de camions bloqués à la frontière. Boko Haram s'est répandu entre ces pays, nous avons vu des centaines de milliers de personnes déplacées de zones frontalières au Niger, au Tchad et au Cameroun, et des millions du Nigeria (...). C'est devenu un énorme défi régional", a ajouté Mme Brown.
Pour éloigner le spectre de la famine au Nigeria, le PAM a besoin de 230 millions de dollars (207 millions d'euros) de mai à octobre.
Mme Brown a reconnu que le PAM n'était pas préparé à intervenir au Nigeria, "un pays aux revenus moyens, le pays le plus riche d'Afrique".
"Nous y sommes allés pour la première fois il y a un an. Nous ne nous attendions pas au niveau de souffrance humaine que nous y avons découvert", a-t-elle ajouté. Face à la crise, les premiers intervenants ont été les communautés locales, pourtant "parmi les plus pauvres de la planète".
Le programme de prévention de la famine du PAM vise en particulier à contrôler tous les enfants âgés de 6 à 23 mois et à s'assurer, avec l'aide de l'Unicef, qu'ils reçoivent une alimentation spéciale.
Mais au Nigeria, les plus petits ne sont pas les seuls à souffrir. "Quand nous avons vu le niveau de malnutrition des enfants plus âgés, nous avons étendu le programme à tous les enfants jusqu'à 5 ans, mais à cause du manque de ressources, nous avons dû faire marche arrière", a regretté Mme Brown.
Avec AFP