Il y a quelques années encore, se retrouver dans le secteur des véhicules d'occasion était le signe d'une certaine aisance financière.
De 10 000 voitures débarquées au port de Cotonou, le secteur est passé en moins d'un an en dessous de la barre des 800.
Plus de 3000 importateurs étrangers - Nigérians, Nigériens et Libanais - sont partis du Bénin laissant les parcs désespérément vides.
En six mois, Christophe dit avoir épuiser l'économie de plusieurs années de travail car, par exemple, "personne ne paie les cautions".
Mamert azandossessi, acteur portuaire et syndicaliste, dénonce l'incapacité du gouvernement à accompagner une filière qui contribue au budget national à raison de 8 milliards par an en terme de prélèvements fiscaux.
"L'État n'a jamais mis un seul sou, mais en profite grandement", explique-t-il.
Clement, expert en manution, il pense que la dépréciation du Naira explique aussi la déculottée que reçoit le secteur des véhicules d'occasion au Bénin.
Mais il n'y a pas que les problèmes liés à l'économie du Nigeria qui explique la situation. Pour le député et ancien ministre de l'économie maritime, Valentin Djènontin, "la filière est véritablement malade".
Le gouvernement prévoit d'ici là de fortes réformes pour que cette filière continue d'apporter une plus value à l'économie béninoise en passant par la satisfaction des acteurs qui y compte pour la survie de leurs familles.
Mais pour les importateurs, aucune réforme ne peut prospérer sans le concours des vrais acteurs.
Le directeur de la douane se veut rassurant. Pour lui la filière a encore de beaux jours qui s'élèveront bientôt. "On va faire beaucoup mieux avec ce que l'on prépare", a déclaré Charles Sacca Boko.
Avec la crise, les véhicules sont exposés sans acheteurs et livrés à la délinquance qui se débarrasse des engins de leurs pièces les plus chères qui se retrouvent sur le marché au noir.
La réorganisation du secteur est vitale pour le soulagement des acteurs dont la majorité s'engage déjà pour une réorientation professionnelle.
Ginette Fleure Adandé, correspondante à Cotonou