Le personnel des banques privées, des opérateurs de téléphonie mobile et autres secteurs ont cessé le travail ce lundi, en solidarité avec les travailleurs du public, en "grève générale illimitée" depuis une semaine.
A N'Djamena, la circulation a été moins importante que d'habitude ce lundi et l'on observe depuis plusieurs jours un léger renforcement de la présence de forces de sécurité dans les rues de la ville.
La "plateforme syndicale revendicative", composée de trois syndicats dont l'UST, avait lancé la semaine dernière un mot d'ordre de grève de deux jours pour les travailleurs du secteur privé à partir de ce lundi, en soutien aux employés du public.
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Le président de la commission formation et communication du Conseil National du Patronat tchadien, Mahamat Tahir Kherellah, trouve cette grève légitime.
" Le droit de grève est reconnue par une loi", explique-t-il.
" C'est l'extérieur qui nous dit qu'il faut 30 milliards, il faut taper sur les employés pour avoir les 30 milliards, c'est douloureux", poursuit-t-il.
Vu la détermination des travailleurs d’aller jusqu’au bout de leur revendication, le gouvernement menace déjà de sanctionner les grévistes comme l'a déclaré Mahamat Moctar Ali, ministre de la Fonction publique.
" La grève réduit drastiquement les capacités productrices de l'administration", a déclaré le ministre, expliquant que la loi de finances sera appliquée.
Des menaces qui n’entament en rien la détermination des travailleurs selon le porte-parole de la plateforme syndicale Barka Michel.
"C'est une adhésion contre les travailleurs quand on veut appliquer la loi 32, une loi que nous avons attaqué", explique-t-il.
"Nous sommes en grève illimitée, et s'ils ne nous paient pas pendant dix mois, cela fera une plus grosse économie", lance-t-il.
Les médecins qui acceptent le principe de service minimum dans les hôpitaux pour une durée d’une semaine conformément à la recommandation de la plate-forme syndicale revendicative menacent d’aller en grève sèche après le 6 février si aucune solution n’est trouvée.
Contre la loi de finances 2018
Depuis une semaine, les administrations fonctionnent au ralenti, avec un service minimum dans le secteur de la santé. Les écoles du primaire et du secondaire, dans le public comme dans le privé, sont fermées depuis fin janvier.
A l'appel des principaux syndicats tchadiens, cette grève dénonce une coupe dans les primes et indemnités des salaires des fonctionnaires depuis ce mois de janvier, conséquence de la loi de finances 2018.
Cette grogne sociale généralisée, soutenue par l'opposition, a pris des allures de fronde contre le président Idriss Déby Itno (au pouvoir depuis 1990). Elle fait suite aux mesures d'austérité mises en place par le gouvernement pour pallier à la grave crise économique que traverse le pays pétrolier depuis 2014, conséquence de la chute du prix du baril.
La semaine dernière, le parti au pouvoir, le MPS, avait invité "les partenaires sociaux à privilégier le dialogue à tout autre mouvement, pour une sortie consensuelle de crise".
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Lundi, le syndicat des Magistrats du Tchad (SMT) a lancé à son tour, à l'issue d'une assemblée générale, un appel à "grève sèche et illimitée".
Le Collectif tchadien des organisations de la société civile (CTOSC) mené par Mahamat Nour Ibedou, a également appelé à une nouvelle "marche pacifique" pour ce jeudi, contre le "système de gouvernance" au Tchad.
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Une marche de la société civile avait été interdite le 25 janvier et les protestataires empêchés de se rassembler.
L'Eglise tchadienne s'est par ailleurs exprimée pour la première fois ce dimanche, appelant à une sortie de crise par le "dialogue sincère", dans un pays où les chrétiens représentent un tiers de la population.
L'archevêque de N'Djamena, Monseigneur Edmond Djitangar, s'est inquiété de l'"escalade marquée par des menaces, des durcissements" et "des grèves préjudiciables pour la vie sociale et économique", notamment pour les élèves et les malades.