Les députés guinéens étaient en négociation depuis trois mois avant de voter samedi, un texte de loi devant régir les relations entre personnes.
Ce Code civil comporte de nombreux changements, mais les articles concernant la polygamie font débat surtout dans les milieux des femmes et des organisations des droits humains. Les réactions des mouvements et associations féminines ne se sont pas fait attendre.
Elles étaient nombreuses lundis devant l'Assemblée nationale, les femmes partageant leurs mécontentements contre un code civil qu’elles jugent sexiste. En effet, les articles 281 et 282 portant sur la polygamie, et qui ne donnent le choix qu'à l’homme, ne laissent pas indifférents les activistes et défenseurs des droits des femmes.
Le Code civil révisé donne à présent le choix à l'homme entre le régime matrimonial de la monogamie et celui de la polygamie, avec un maximum de quatre épouses.
La députée de la majorité, Nanfadima Magassouba a estimé que la légalisation de la polygamie est un «recul». Comme toutes les femmes parlementaires, quelle que soit leur appartenance politique, elle a refusé de voter le 29 décembre.
Mais loin de ces femmes intellectuelles, on ignorait tout de l’interdiction de la polygamie, largement pratiquée en Guinée. Mabinty, vendeuse de produits cosmétiques, vit sous le régime de la monogamie, mais ne semble pas aller contre l’amendement du code civil.
"Ce n’est pas bien d’être seule, on tombe malade, on peut voyager; si vous êtes deux, le vide peut être comblé par une autre", confie Mabinty.
Jusqu’à présent, la polygamie était interdite en Guinée, mais aucun homme n’a été inquiété ou sanctionné. La pratique doit son succès aux pesanteurs sociales et à l’islam qui l'autorise. Catherine, étudiante, est célibataire. Elle ne recommande pas cette pratique.
"Quand tu as une femme, tu vis paisiblement, et si Dieu vous donne des enfants, vous allez vivre dans l’harmonie", explique Catherine. "Mais avec la polygamie, tu as plusieurs enfants avec des mères différentes. Ces enfants ne seront jamais d’accord entre eux", témoigne-t-elle.
Une autre femme interrogée semble accepter la polygamie, non sans la peur au ventre. "Certains hommes changent après un deuxième mariage. Tu cesses d’être une femme aimée dès qu’il épouse une autre", confie Saran.
Tout n’est pas critiqué par les femmes dans ce Code civil révisé. L’autorité parentale par exemple est reconnue aux deux parents, et la femme est libre de choisir sa profession sans aucun accord préalable de son époux.