C'est aux environs de 18h TU que la jeune journaliste a regagné son domicile mardi 28 juillet 2020. "C’est la victoire de tous ceux qui sont épris de justice", lance-t-elle.
Plus tôt dans la matinée, une magistrate l’a libérée – pour infraction non constituée – après près de deux mois de détention prévention. Samira Sabou était poursuivie pour "diffamation par voie électronique" sur plainte de Mamane Sani Issoufou Mahamadou, directeur de cabinet adjoint et fils du président de la république.
En réaction à cette décision qu'il salue et qui montre l'indépendance de la justice au Niger, l'avocat de la blogueuse affirme que sa cliente "ne devait même pas être gardée une seconde en prison" car ses écrits sur Facebook relevaient de l'exercice de sa profession. "Elle n’a cité le nom de personne", ajoute maître Bouddal Effred Mouloul.
Dans une publication sur facebook en mai 2020, la journaliste-blogueuse soulignait que certains marchés du ministère de la défense jugés irréguliers après un audit profitaient "au fils du patron".
Le directeur de cabinet adjoint et fils du président de la république a alors déduit qu’il s’agissait de lui et décida de porter plainte pour diffamation. Samira Sabou sera alors interpelée et placée sous mandat dépôt à la prison civile de Niamey sous le coup de la loi polémique portant lutte contre la cybercriminalité, récemment adoptée.
Lors du son procès, le parquet a requis une peine de cinq semaines de prison ferme ainsi qu'une amende d'un million de franc CFA contre la jeune journaliste. L’avocat du plaignant avait lui réclamé 5 millions en réparation du préjudice subi par son client.
La juge en charge du dossier n’a donc suivi aucun d’eux. Et sa décision est venu réconforter beaucoup de défenseurs - nationaux et internationaux - des droits humains et libertés.