La justice à Kinshasa a demandé la levée de l'immunité parlementaire de l'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo (2012-2016) désormais sénateur, selon des sources concordantes.
Mis en cause dans une affaire de détournements de fonds publics, l'interessé s'est dit "prêt" à comparaître pour se défendre, tout en dénonçant dans un tweet "une justice politiquement instrumentalisée".
"Le parquet général a demandé au Sénat de lever l'immunité parlementaire de deux sénateurs: Matata Ponyo et Ida Kamaji. Il y a des indices sérieux de leur implication dans le détournement de l'argent destiné au parc agro-industriel de Bukangalonzo", a déclaré lundi à l'AFP un haut magistrat du parquet près la Cour de cassation.
"Je ne crains rien. Je suis prêt à me présenter devant la justice", même si "l'injustice doit prévaloir sur la justice", a déclaré dimanche au cours d'une conférence de presse Augustin Matata, rentré à Kinshasa le jour même en provenance de Guinée pour "répondre" à ces accusations.
"Le dossier de l'Inspection générale des finances (IGF), sur lequel est basé l'initiative de cette action judiciaire, est truffé des contrevérités, truffé des mensonges", a dénoncé M. Matata.
En novembre, l'IGF a conclu dans un rapport que 205 millions de dollars sur 285 millions, décaissés par le Trésor public pour un projet pilote de parc agro-industriel dans la localité de Bukangalonzo (250 km au sud-est de la capitale), avaient été détournés.
Pour le chef de l'IGF, Jules Alingete, "l’échec de ce projet était planifié" afin de pouvoir détourner les fonds attribués. Six personnalités directement impliquées dans cette débâcle, dont "trois couvertes par des immunités", ont été identifiées.
Après avoir quitté en novembre 2016 ses fonctions de Premier ministre - exercées pendant quatre ans sous la présidence de Joseph Kabila -, M. Matata Ponyo était devenu sénateur. Pour être validée, la levée de son immunité parlementaire doit encore être votée en plénière.
Cette affaire fait depuis plusieurs jours la une de l'actualité politique en RDC.
Investi en janvier 2019, le président Félix Tshisekedi a fait de la lutte contre la corruption une des priorités de son mandat. Son allié et ex-directeur de cabinet Vital Kamerhe est actuellement en prison, après avoir été condamné à 20 ans de prison dans une affaire de détournement de 50 millions de dollars des deniers publics.
Plusieurs personnalités du camp de l'ex-président Joseph Kabila ont également été mises en cause dans des affaires de détournements.