Les juges qui instruisent le dossier du putsch manqué de septembre au Burkina Faso n'ont subi "aucune pression" en vue de lever le mandat d'arrêt international lancé début janvier contre le président de l'Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, a assuré lundi le procureur militaire burkinabè.
"Personne n'a demandé à un juge d'instruction de lever un mandat d'arrêt. Il n'y a eu aucune pression pour lever le mandat d'arrêt" contre Guillaume Soro, a martelé lors d'une conférence de presse le commissaire du gouvernement (procureur), le lieutenant-colonel Norbert Koudougou.
"Le juge d'instruction travaille en toute indépendance, a-t-il rappelé. Le succès de l'instruction c'est le succès de toute la procédure et le juge d'instruction qui a posé un acte ne peut lui-même l'annuler ou le retirer du dossier".
La justice burkinabè a lancé le 8 janvier un mandat d'arrêt international contre M. Soro pour son implication présumée dans le coup d'Etat manqué du 17 septembre contre le gouvernement de transition au Burkina Faso.
Ce putsch avait été mené par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ancienne garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir fin octobre 2014 par la rue après 27 ans de règne. Il a échoué après une mobilisation populaire soutenue par une partie de l'armée.
Dans des enregistrements téléphoniques attribués à Djbrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de M. Compaoré, et à M. Soro, deux hommes discutent de la possibilité de soutenir le putsch. Les deux hommes évoquent notamment des possibilités de "frapper" dans le nord du Burkina pour faire "paniquer" l'armée qui se préparait à donner l'assaut contre la base du RSP.
De nombreuses rumeurs relayées dans les réseaux sociaux font état de pressions du pouvoir politique sur le juge d'instruction afin de lever le mandat d'arrêt.
"Lorsque les bruits ont commencé à courir derrière ces mandats, on s'est dit qu'il faut tout de suite s'assurer que ces mandats sont valides et qu'il n'y a pas erreur", a affirmé le commissaire du gouvernement soulignant que le parquet et le juge avaient pris toutes les précautions afin de ne pas voir les mandats annulés.
En marge du sommet de l'Union africaine (UA) fin janvier, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré avait indiqué que "ce dossier", qui empoisonne les relations entre la Côte d'Ivoire et le Burkina, serait traité par "voie diplomatique".
Dans un communiqué publié lundi, les trois syndicats des magistrats burkinabè regroupés au sein d'un "Comité intersyndical des magistrats" a pris acte de "la volonté de l'exécutif burkinabè de normaliser ses relations avec des Etats amis et frères par une +gestion diplomatique de la situation+" mais "insiste particulièrement sur le fait qu'une telle approche ne doit pas porter atteinte aux principes constitutionnels cardinaux de séparation des pouvoirs et d'indépendance du pouvoir judiciaire".
Les relations entre le Burkina et la Côte d'Ivoire, fortement imbriqués aux plans politique et économique, sont serrées et anciennes. Quelque trois millions de Burkinabè vivent en Côte d'Ivoire.
Avec AFP