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La justice française se déclare "incompétente" pour enquêter sur la catastrophe ferroviaire au Cameroun


Plusieurs personnes sont venues constater les dégâts après le déraillement du train qui a causé plus de 70 morts à l’entrée de la gare Eseka, au Cameroun, 21 octobre 2016.
Plusieurs personnes sont venues constater les dégâts après le déraillement du train qui a causé plus de 70 morts à l’entrée de la gare Eseka, au Cameroun, 21 octobre 2016.

La justice française, saisie d'une plainte mettant notamment en cause Camrail, filiale camerounaise du groupe français Bolloré, après une catastrophe ferroviaire au Cameroun en octobre dernier, s'est déclarée "incompétente" pour mener l'enquête, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Le parquet "n'est pas compétent" pour enquêter sur ce drame, a indiqué cette source au parquet de Nanterre, près de Paris, en l'absence notamment de victime française de son ressort territorial.

Le déraillement de ce train le 21 octobre 2016 près de la gare d'Eseka (200 km au sud de Yaoundé) a fait 79 morts et au moins 550 blessés.

Après la catastrophe, le Syndicat professionnel des conducteurs de train du Cameroun, le Comité de libération des prisonniers politiques (CL2P), une organisation d'opposition basée en France, et le Groupe de solidarité aux victimes du 21 octobre à Eseka avaient déposé plainte à Nanterre.

Cette plainte contre X visait notamment des faits d'homicides et blessures involontaires, de non-assistance à personnes en danger et de mise en danger de la vie d'autrui.

Les plaignants mettaient en cause "la gouvernance du secteur du transport ferroviaire par l'État du Cameroun" et s'interrogeaient sur "les conditions" dans lesquelles la Régie nationale des chemins de fer camerounais avait été "privatisée", la concession "renouvelée", et "certaines obligations à la charge du concessionnaire (Camrail) manifestement méconnues".

Camrail est contrôlé à hauteur de 77,4% par le groupe Bolloré, dont le siège est à Puteaux, tout près de Nanterre.

Porter plainte à Nanterre, "c'était le moyen d'agir au plus près de celui qui contrôle le capital", avait expliqué l'avocat des plaignants, Stéphane B. Engueleguele.

Mais le parquet de Nanterre s'est dit incompétent car "la victime française décédée vivait dans le sud de la France, et la victime blessée dans l'ouest", a-t-il précisé à l'AFP, en annonçant des plaintes avec constitution de partie civile devant "les juridictions d'instruction compétentes" et une nouvelle plainte à Nanterre "sur le volet financier" du drame.

Le train, qui assurait la liaison entre Yaoundé et la capitale économique Douala, était bondé lorsqu'il a déraillé. Il circulait à une vitesse "anormalement élevée", avait noté un haut responsable de l'entreprise Bolloré quatre jours après la catastrophe.

Une enquête judiciaire est en cours au Cameroun.

Avec AFP

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