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La justice internationale saisie après le massacre de six villageois en Guinée


La police se tient prête à disperser les manifestants à Conakry, en Guinée, le 6 février 2018.
La police se tient prête à disperser les manifestants à Conakry, en Guinée, le 6 février 2018.

Les victimes survivantes d'un massacre de six villageois en 2012 en Guinée ont porté plainte dans leur pays contre une société minière qu'elles accusent de complicité, puis devant la Cour de justice de la Cédéao contre l'Etat guinéen.

Le 4 août 2012 vers minuit, à Zogota (sud-est), les forces de sécurité et de Défense avaient tiré au hasard sur des villageois qui protestaient depuis plusieurs jours contre la politique de recrutement de la société minière Vale-BSGR, "tuant six habitants, en blessant plusieurs autres, incendiant des habitations et arrêtant et torturant plusieurs autres personnes", a précisé l'ONG "Les mêmes droits pour tous" (MDT) dans un communiqué.

Le 11 septembre dernier, cette association a déposé une plainte devant le procureur de N'Zérékoré, au nom des victimes, contre la société minière pour sa "responsabilité présumée dans les assassinats, arrestations et détentions arbitraires, torture, destruction de biens privés etc. contre les habitants de Zogota".

"Ils sont venus la nuit, tandis que les gens dormaient. Nous avons été réveillés par le son des tirs de balles et quand les gens sont sortis voir ce qui se passait, ils ont abattu nos pères et frères", a déclaré le chef du village et du collectif des victimes du massacre, Kpakilé Gnédawolo Kolié, cité dans le communiqué.

Selon l'ONG, la compagnie minière avait "étroitement collaboré avec les forces de l'ordre" en "aidant à planifier l'action", en ravitaillant en combustible des véhicules et en mettant d'autres à leur disposition.

"La police et l'armée disent que c'était une mission d'arrestation légitime et non une attaque répressive. Et la compagnie affirme n'avoir rien à voir dans cette attaque. Mais ces dires ne correspondent pas aux preuves collectées sur le terrain", estime le directeur de Advocates for Community Alternatives, Jonathan Kaufman, qui appuie MDT, tout comme la FIDH.

Une plainte avait été déposée en 2013 par MDT contre cinq responsables des services de sécurité.

"Nous n'avons reçu aucune réponse de l'Etat guinéen depuis le dépôt de ces plaintes contre les responsables des services de sécurité et contre Vale-BSGR", a indiqué à l'AFP M. Kaufman dans un courriel. Les victimes viennent dès lors de saisir la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont le siège est à Abuja.

Elles accusent les autorités de Conakry de "violation du droit la vie, à ne pas être torturé et à ne pas être arrêté arbitrairement" et d'avoir failli à leur "obligation d'enquêter, poursuivre et punir les auteurs", ainsi que de n'avoir pas "apporté des réparations aux victimes de crimes commis par des agents de l'Etat ou d'autres, tels que la compagnie minière Vale-BSGR", a expliqué M. Kaufman.

Avec AFP

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