Les élus sont de retour à Washington pour une rentrée parlementaire que les démocrates veulent résolument placer sous le signe de la lutte contre ces violences.
Leur objectif: pousser les républicains à agir avec eux, malgré la pression du puissant lobby des armes, la National Rifle Association (NRA) et leurs relations à couteaux tirés sous une présidence Trump qui divise profondément les Américains.
Votre "intervention urgente et personnelle est nécessaire pour endiguer le massacre sans fin de nos concitoyens américains", ont écrit les chefs du parti démocrate au Congrès dans une lettre adressée, dimanche, à Donald Trump.
Lundi après-midi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer interpelleront publiquement les républicains pour qu'ils soumettent au vote une loi renforçant le contrôle des antécédents d'acheteurs potentiels d'armes à feu.
Sera aussi présente à cette conférence de presse Nan Whaley la maire de Dayton, ville de l'Ohio où neuf personnes ont été abattues le 4 août. La veille, un tireur avait tué 22 personnes dans un supermarché d'El Paso, au Texas. Puis le 31 août, un homme a tiré sur des passants, abattant sept personnes à Odessa, toujours au Texas.
A ces grandes fusillades s'ajoutent les nombreux décès quotidiens dans un pays qui a dénombré quelque 40.000 morts par armes à feu en 2017, dont environ une moitié de suicides.
- Trump "doit avancer" -
Majoritaires à la Chambre des représentants depuis janvier, les démocrates ont adopté dès février ce projet de loi, qui aurait pu permettre d'empêcher le tireur d'Odessa d'acquérir son fusil d'assaut lors d'une vente privée, ont-ils souligné.
Les transactions entre particuliers et lors de grandes foires aux armes ne sont en effet pour l'instant pas soumises aux mêmes contrôles que les ventes en magasins.
Mais les républicains contrôlent le Sénat et leur chef à la chambre haute, Mitch McConnell, refuse d'organiser tout vote sur des lois concernant les armes à feu tant que Donald Trump n'aura pas explicité sa position.
Le président étant le seul habilité à promulguer ces lois, M. McConnell veut s'assurer que l'homme d'affaires, qui a émis des opinions fluctuantes sur le sujet, ne rejettera pas un texte approuvé avec le soutien des républicains, ce qui serait perçu comme un humiliant camouflet pour son camp.
"Le président doit avancer et fixer des directives sur ce qu'il voudrait faire", a renchéri dimanche un sénateur républicain, Roy Blunt, sur la chaîne NBC.
Mitch McConnell s'attend à ce que la Maison Blanche lui donne cette semaine des précisions, après des discussions menées cet été entre des démocrates et l'administration Tump.
Soulignant son influence "cruciale" sur les républicains du Congrès, Mme Pelosi et M. Schumer ont appelé le président républicain à ne pas la "gâcher en acceptant des propositions soutenues par la NRA ou d'autres idées timorées".
Les démocrates redoubleront la pression avec un forum public prévu mardi au Congrès pour exhorter le Sénat à agir. Puis plus tard cette semaine, ils commenceront, en commission à la Chambre, l'étude de trois nouveaux textes liés aux fusillades de l'été.
En plus des armes, le programme de la rentrée est particulièrement chargé au Congrès.
A la Chambre, une majorité d'élus démocrates s'est désormais déclarée en faveur d'une procédure de destitution mais les chefs freinent encore face à cette perspective impopulaire dans les sondages.
Dans ce contexte tendu, démocrates et républicains doivent se mettre d'accord sur des lois de financement avant la nouvelle année fiscale, qui démarrera le 1er octobre, sous peine de voir une nouvelle paralysie des administrations.
Et la Maison Blanche voudrait voir les négociations avancer au Congrès sur le nouvel accord de libre-échange nord-américain avec le Mexique et le Canada.
Le temps presse car à partir de janvier 2020, Washington plongera dans une intense année électorale qui bride d'ordinaire toute grande avancée au Congrès.