La pandémie de Covid-19 a bouleversé de nombreux acquis en faveur des femmes. Des organisations féminines tentent d'inverser cette tendance régressive afin de ne pas réduire à néant des décennies d'efforts. VOA Afrique s'est entretenu avec des Ong en Afrique et aux Etats-Unis qui ont fait ce constat sur les mariages forcés des filles.
La pandémie expose davantage les femmes que les hommes à des conséquences néfastes, avait précisé le 15 mars dernier le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture de la 65e session de la Commission de la condition de la femme, en évoquant notamment le mariage forcé des enfants.
Cinq jours plus tard, lors du Forum Génération Egalité à Mexico, M. Guterres avait alerté une nouvelle fois sur le fait que le concept même d'égalité des genre était en péril, soulignant que des mesures de rattrapage devaient être prises pour retrouver une progression acceptable des libertés des femmes.
S'en suivit la campagne d'Onu Femmes lancée le 14 avril en Europe, intitulée "Mon corps m'appartient", qui énumère tous les obstacles à l'autonomie corporelle dans la vie d'une femme depuis son enfance, dont le mariage forcé et l'excision. Une initiative rappelant que les acquis sur les droits des femmes sont fragiles, y compris dans les pays les plus progressistes en Occident, comme l'Espagne ou la Suède, qui ont noté une augmentation des violences basées sur le genre depuis avril 2020.
Nana Sanou Kané, secrétaire générale du Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires (REFAMP), a dit à VOA Afrique que la question des mariages forcés des filles doit être reconnue comme une violence basée sur le genre.
L'ancienne députée de Kati, au Mali, déplore que son pays ne dispose toujours pas de loi contre ces violences, les différents textes proposés au fil des ans ayant toujours été rejetés en raison de la pression des chefs religieux.
"Au Mali, nous savons que nous avons ces formes de violence sur lesquelles nous avons toujours voulu avoir une loi. Avec la crise de 2012, ça s'est beaucoup accentué, surtout les mariages précoces, les grossesses précoces", affirme Mme Kané, soulignant que son pays "a toujours privilégié la sensibilisation" pour tenter d'apporter des réponses adaptées.
"Il faut reconnaitre que dans un pays comme le Mali, c'est surtout les valeurs socio-culturelles comme la religion qui jouent sur ces questions-là", explique-t-elle. "La question du mariage précoce, il faut l'aborder sur plusieurs angles. Parce que là où c'est des questions culturelles, il faut trouver des réponses à ces questions culturelles. Et là où les gens le font par rapport à d'autres choses, il faut trouver des réponses à ces questions-là. Mais si vous mettez le tout dans un panier, ça peut fausser la réponse".
L'ancienne députée revient sur l'absence de législation appropriée: "Ces réponses peuvent être renforcées avec la loi -- que nous sommes toujours en train de chercher -- parce que la loi ne doit pas sanctionner juste les mariages précoces ou forcés, ça peut aussi changer d'autres formes de violence. La loi pourrait permettre d'avoir de meilleurs résultats."
En janvier, le gouvernement de transition de Moctar Ouane a abandonné le processus d’adoption du projet de loi relative à la violence basée sur le genre, une nouvelle fois sous la pression des leaders religieux, qui reprochent notamment au texte de donner du pouvoir à la mère de famille et de permettre le partage équitable de l’héritage entre frères er soeurs, alors qu'en droit islamique le fils bénéficie du double de la part d'une fille.
La crise sanitaire générée par la pandémie de coronavirus et les coups d'Etat d'août 2020 et de mai 2021 n'ont fait que repousser plus encore ce projet de loi. Sur le terrain, plus de 80% des Maliennes ont subi une diminution ou une perte de leurs revenus à cause du coronavirus, selon une déclaration des autorités à l'occasion de la Journée mondiale des droits des femmes le 8 mars.
"Les poursuites ne sont pas systématiques"
En Côte d'Ivoire, une enquête du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) indique que plus de 64% des unités de production informelles pendant la pandémie ont subi une tension de trésorerie, 53% une réduction d’activité et 30% un arrêt d’activité.
Les femmes sont les principales concernées car, selon l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), les Ivoiriennes sont 90% à travailler dans le secteur informel, 34% sont analphabètes et plus de 44% âgées de 15 à 24 ans ne sont ni dans le système éducatif ni dans l'emploi (contre 25% pour les hommes).
Une baisse de revenus pour les femmes entraîne une perte d'autonomie -- si durement acquise au cours de plusieurs décennies -- et les place à nouveau dans la dépendance financière avec une plus grande emprise de la communauté, qui ne rencontrera aucune résistance au mariage forcé.
Selon l'Unicef, en Côte d'Ivoire, 58% des filles de moins de 15 ans sont déjà en union dans l'Ouest ivoirien, 53 dans le sud-ouest 52% pour le Nord-Ouest, et plus de 40% ont été contraintes au mariage avant l'âge légal de 18 ans.
Le directeur de l’Association Ivoirienne pour le Bien-être Familial (AIBEF), Richard Allo, avait déploré en 2017, à Dabou dans le Léboutou, que la plupart des adolescentes soient forcées au mariage. "Les unions forcées et précoces exposent la fille au déficit d’éducation, à la déscolarisation, au risque de mort à l’accouchement, avec des traumatismes affectifs et sentimentaux", avait-il déclaré devant les villageois de Lopou, selon le portail d'informations Abidjan.Net.
L’Organisation Nationale pour l’Enfant, la Femme et la Famille (ONEF) qui a organisé des journées portes ouvertes dans des tribunaux afin de faire connaître le fonctionnement du système judiciaire -- en collaboration avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID) -- souligne qu'il est quasiment impossible pour une fille de se soustraire à un mariage forcé, d'autant plus que la famille pourrait la déshériter ou la chasser.
Des progrès fragiles
Labé Gneblé, chargé de programme Protection, Education et Renforcement des Capacités à l'ONEF, joint par VOA Afrique, note également que, malgré tout le travail de sensibilisation effectué, peu de progrès ont été réalisés ces dix dernières années.
"Ici, il y a des disparités suivant les régions, mais globalement, les enquêtes nationales indiquent autour de 36% le taux des mariages des enfants", indique M. Gneblé, soulignant que les nombreuses actions menées sur le terrain "ne portent pas vraiment les fruits escomptés". "Avec les différentes crises, on n'a pas trop de mobilité. Donc le taux n'a pas véritablement régressé", déplore-t-il.
Quant a savoir si des jugements sont rendus régulièrement pour faire reculer la tendance, Labé Gneblé précise que "ce sont des procès qui sont très rares, parce que c'est une pratique coutumière, traditionnelle, et les dénonciations ne sont pas courantes", reconnaît-il, avant d'ajouter, "quand bien même elles sont faites, dans quelques rares cas, les poursuites ne sont pas systématiques".
La situation est plus grave au Niger, notamment dans la région de Maradi, où une "crise alimentaire majeure" se profile chez les enfants, selon Médecins Sans Frontières. Cette zone frontalière au Nigeria connaît "l'un des taux de natalité les plus forts du Niger -- plus de 7 enfants par femme -- et le mariage des enfants y est fréquent", indique MSF, alertant sur une situation inextricable tant que les unions forcées dont sont victimes les filles ne seront pas considérées comme des sérieux freins au progrès sociaux-économiques.
On retrouve quasiment le même scénario dans le nord du Cameroun, où 60% des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans, selon l'Unicef.
Des communautés enregistrent toutefois des progrès grâce aux conseils des chefs traditionnels qui commencent à s'ouvrir aux femmes (en tant que chefs adjoints), indique la correspondante de VOA, Anne Nzouankeu, qui s'est rendue dans la région de Mokolo, où la majorité des filles sont mariées avant d'être majeures.
La communauté a pris un virage depuis 2019, quand ces femmes chefs se sont exprimées contre le mariage précoce, notamment en défendant les victimes mineures de maris abusifs et incitant les familles à ne pas déscolariser leurs filles.
Certaines communautés d'Afrique du Nord pratiquent également encore le mariage forcé des filles mineures. Le 16 mai dernier, le suicide d'une lycéenne de 17 ans a fait la une des journaux au Maroc.
Selon l'agence espagnole EFE, ses parents l'obligeaient à se marier tout en abandonnant ses études. La presse marocaine avait aussi largement médiatisé en mars 2012, le suicide d'Amina Fillali, 16 ans, contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée. L'article 475 du Code pénal marocain, qui permettait aux violeurs d'éviter la prison s'ils épousaient leur victime, a été abrogé en 2014.
Le mariage des mineures aux Etats-Unis
Les unions forcées d'enfants ne sont pas le seul fléau des pays en voie de développement. Certains pays occidentaux, y compris progressistes, connaissent encore ce problème, comme les Etats-Unis, où aucune loi fédérale ne réglemente l'âge minimum du mariage, laissant à chaque Etat la responsabilité de dicter ses propres règles en la matière, ce qui peut donner une différence notoire d'un Etat à l'autre.
Au 1er juillet 2019, 13 États ne disposaient toujours pas de lois fixant l'âge minimum légal pour se marier, y compris la Californie et le Massachusetts.
Interviewée par VOA Afrique sur cette question, la responsable de communication de l'Ong américaine Sahiyo basée à New-York, Lara Kingstone, affirme que l'âge minimum du mariage est "un sujet tabou dans certains États". "Nous savons que plusieurs Etats ont décidé de changer la loi et de fixer l'âge minimum à 18 ans. Mais nous avons encore des Etats qui n'ont pas d'âge minimum", précise Mme Kingstone.
Par ailleurs, plusieurs Etat ont rabaissé l'âge du consentement, ce qui peut jouer en faveur des abus, un mineur pouvant être aisément manipulé par des adultes et son entourage.
"Je pense franchement que la façon dont cet âge de consentement a été déplacé est vraiment méprisable. Je crois que c'est une responsabilité fédérale", estime Mme Kingstone, déplorant qu'il y ait "des États où même des politiciens ont été accusés de s'en prendre aux lycéennes et aux filles mineures" .
En 2016, la Virginie a rendu le mariage des moins de 18 ans illégal, avec exception à 16 ans si un enfant est émancipé par décision de justice. "Le fait que vous puissiez épouser un enfant est, pour moi, inacceptable au stade où nous en sommes dans la société aujourd’hui", avait déclaré au Guardian l'élue républicaine Jill Vogel, qui a fait pression pour le projet de loi.
Depuis, certains Etat ont interdit les mariages de mineurs, comme la Pennsylvanie, le Minnesota, le New Jersey ou le Delaware, qui ont mis fin au mariage des enfants sans exception. D'autres ont une législation similaire en cours. Mais dans plusieurs Etats, une fille mineure peut se marier par consentement parental ou si elle est enceinte. Le danger de ces lois non rafraichies est que le consentement des parents n'implique pas le sien en toutes connaissances de causes, ce qui laisse libre cours au mariage forcé aux Etats-Unis.
"Le consentement au mariage peut avoir eu lieu à la suite d'abus physiques ou émotionnels ou de menaces, de tout type de tromperie ou sous la contrainte", a dit à VOA Afrique Lara Kingstone de l'Ong Sahiyo, précisant que les victimes de mariage forcé peuvent être de tout sexe, de toute race, religion ou origine nationale. "C'est quelque chose que nous constatons vraiment dans tous les milieux économiques et éducatifs. Il n'y a pas de modèle à ce sujet", souligne-t-elle.
Selon le Département de la justice, entre 2000 et 2015, plus de 200 000 mineurs, principalement des filles, étaient mariés aux États-Unis, soit six enfants sur mille. La grande majorité de ces mariages sont contractés entre une fille mineure et un homme adulte. Parfois, les mineures aux États-Unis peuvent même être mariées lorsqu'elles n'ont pas atteint l'âge du consentement sexuel, qui est de 16 à 18 ans pour la plupart des États. Mais elles ne peuvent généralement légalement divorcer ou quitter leur conjoint, car elles restent mineures devant la loi.
Le 20 juin 2017, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, a signé une loi pour mettre fin au mariage des enfants. Le nouveau texte a fait passer l'âge du consentement au mariage de 14 à 18 ans et a modifié le processus pour exiger le consentement parental et judiciaire pour le mariage des personnes âgées de 17 à 18 ans.
Le 7 juin dernier, le gouverneur de Rhode Island Daniel McKee a signé un projet de loi visant à interdire le mariage des enfants dans son État. Le nouveau texte élimine les dispositions qui permettent aux jeunes de moins de 18 ans d'être mariés, rapporte Associated Press.
L'ancienne loi de Rhode Island autorisait les jeunes de 16 ans à se marier avec le consentement des parents ou d'un tuteur. Les enfants de moins de 16 ans pouvaient également le faire par décision de justice.
Sur 32 enfants mariés à Rhode Island entre 2013 et 2019, 88% étaient des filles mariées à des hommes adultes, dont certaines "à une différence d'âge du conjoint qui correspond à la définition d'un crime sexuel", a déclaré devant les législateurs de l'Etat, le mouvement Unchained At Last, cité par le journal en ligne The Hill.
Après le Delaware, le New Jersey, la Pennsylvanie et le Minnesota, Rhode Island devient ainsi le cinquième État américain à mettre fin au mariage des enfants sans exception.
En revanche, "les États-Unis sont un endroit tellement varié, et vous voyez dans certains États, des lois modifiées essentiellement afin d'accommoder les délinquants sexuels et les prédateurs plutôt que les jeunes filles. Nous voyons partout dans le monde beaucoup de législations différentes être modifiées en ce sens", déplore la militante féministe.
La tendance ne semble pas ralentir, si l'on s'en réfère à une étude récente de l'organisation Unchained At Last, qui lutte contre le mariage forcé aux Etats-Unis depuis 10 ans.
L'étude révèle que près de 300.000 mineurs de moins de 18 ans étaient légalement mariés aux États-Unis entre 2000 et 2018. Certains, principalement des filles, n'avaient que 10 ans. Le Texas est largement en tête du classement avec 41.774 cas, devant la Californie (23.588), le Nevada (17.403) et la Floride (17.274).
Selon Lara Kingstone, aucune loi fédérale n'est envisagée sur cette question sociétale de prime importance. "Je ne peux pas parler de discussions spécifiques en interne ou de politiques qui ont été évoquées mais, oui, je pense que cela ne semble actuellement pas être la priorité absolue des législateurs fédéraux, ce qui laisse aux États la responsabilité de légiférer activement, faire des lois qui traumatisent les jeunes filles", estime-t-elle.
Lien étroit entre mariage forcé et excision
A la question de savoir s'il existe une relation entre le mariage forcé des filles et l'excision, Mme Kingstone répond par l'affirmative. "Oui, je pense que c'est très lié. Je pense qu'il y a beaucoup de craintes à propos de la sexualité des filles et des jeunes femmes. Il y a aussi le sérieux problème que le contrôle des femmes sur leur propre corps ne soit pas pris en considération". Et de rappeler que "dans des situations telles que le mariage des enfants et l'excision, ce sont des jeunes femmes et des filles qui sont forcées de vivre quelque chose sans leur consentement".
Toutefois, "les récentes modifications de la législation, pourrait certainement conduire à l'optimisme", avance-t-elle, sachant que la loi fédérale américaine interdit l'excision pour les filles de moins de 18 ans.
"Mais depuis le début de la pandémie, il y a eu ce que beaucoup ont appelé la pandémie 'de l'ombre', à savoir une augmentation des violences sexistes et d'autres pratiques culturelles néfastes telles que l'excision", souligne la militante des droits humains.
Les exciseuses sont devenues plus "agressives" dans leur objectif en recherchant "activement" de nouvelles jeunes filles à exciser pour combler ce manque durant la pandémie, explique-t-elle, précisant que les communautés visées ou concernées par la pratique sont très diverses: "En plein covid, il s'agissait de différentes communautés et de tout, allant des chrétiens évangéliques blancs du Midwest aux communautés sud-asiatiques de Detroit, dans le Michigan".
La chargée de communication de Sanyho confirme qu'une "grande partie de la pratique mondiale de l'excision se produit sur le continent africain", mais regrette que les médias portent peu d'attention sur ce fléau qui est aussi très présent en Asie.
Comment ralentir la tendance?
"Pour réussir vraiment à long terme dans cette approche, nous devons vraiment l'aborder sous deux angles. Il faut donc s'assurer que notre loi et notre politique soutiennent la sécurité des jeunes enfants tout en étant adaptées à la culture et en ne punissant pas certaines communautés d'une manière qui semble excessive", estime Mme Kingstone, soulignant que les sanctions doivent être accompagnées d'une implication des familles et communautés elles-même.
La lutte contre les mariages précoces et l'excision ne peut se passer de synergie entre une multitude d'intervenants dans divers domaines, estime l'experte: "Vous avez juste besoin de travailler avec les législateurs, avec des politiques, avec les prestataires de soins de santé. Je pense que la société en général peut faire beaucoup plus pour éduquer le public sur ce problème afin que les prestataires de soins de santé, y compris mentale, et les écoles, puissent tous être conscients de ce phénomene et savoir comment réagir avec sensibilité" .
Les hommes ont aussi leur mot à dire, selon Sanhiyo, qui juge que leur parole est essentielle dans les campagnes de sensibilisation sur les media. Souhaitant qu'ils s'expriment davantage et ouvertement sur ces questions aux Etats-Unis, l'Ong a lancé une campagne pour la fête des pères le 20 juin les invitant à enregistrer des videos pour exposer leur point de vue.
"C'est aussi quelque chose que les hommes peuvent soulever et mettre en avant, qu'ils ne ressentent pas le besoin d'épouser une femme qui a été excisée", suggère Lara Kingstone, rappelant que "c'est la norme sociale qui peut parfois faire pression sur les gens pour que leurs filles soient excisées, car cela pourrait signifier qu'elles seraient ostracisées et que les hommes ne voudraient pas les épouser. Alors oui, les hommes peuvent se manifester et exiger ce changement".
Lors de l'ouverture de la 65e session de la Commission de la condition de la femme le 15 mars dernier, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait à nouveau réclamé la parité au niveau des responsabilités, soulignant que la participation égale des femmes changerait la donne en ce qui concerne les violences basées sur le genre.
"Seulement 22 pays sont dirigés par des femmes. Et à ce rythme, la parité au niveau des chefs de gouvernement ne sera pas atteinte avant 2150", avait-il lancé.
Et de conclure: "Vous avez bien entendu! Encore 130 années dominées par des hommes qui prendront le même genre de décisions prises depuis les 130 dernières années... depuis toujours."