De part et d’autre du goudron brûlant de la route nationale 1, le camp d’Assaga se situe à quelques kilomètres à l’est de Diffa. C’est là que vivent des réfugiés nigérians ou des déplacés nigériens de Boko Haram.
Pas besoin de chercher bien loin, au milieu des cases balayées par le sable, pour trouver des cas de malnutrition. Mamadou a un an. Affaibli, l’enfant a le regard vide. Sa mère, Chatou Chiwa, elle aussi a faim et produit peu de lait pour le nourrir.
"Depuis sa naissance, nous allons au centre de santé. A ses 6 mois, on a commencé a lui donner de la pâte d’arachide. Il est très fatigué et pleure souvent pour manger mais comme je n'ai pas de lait, c est dur" explique la jeune maman à VOA Afrique.
Selon l’UNICEF, près de 12.000 enfants de moins de 5 ans devraient souffrir de malnutrition en 2017 dans la région de Diffa. Beaucoup passeront par le Centre de renforcement nutritionnel intensif (CRENI), soutenu par l'Unicef et Save the Children.
Le docteur Moustapha Saley dirige le CRENI et visite ses petits patients dont certains n’ont plus que la peau sur les os. Un garçon de deux ans ne pèse que 5,6 kilos.
Malgré ces cas alarmants, pas de famine à Diffa ou au Niger. Plutôt une situation récurrente de stress alimentaire dans ce pays du Sahel. L’Unicef estime que 247,000 enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition sévère cette année au Niger.
Pour le Programme alimentaire mondial, 1,5 million de personnes souffrent d’insécurité alimentaire au Niger.
Retour au camp d’Assaga où les réfugiés affirment ne pas avoir reçu d’aide alimentaire depuis quatre mois. Ils tournent en rond, eux qui ne peuvent rentrer chez eux à cause de la menace Boko Haram.
Faloumata Boucar sert de relais communautaire dans le centre de santé. Elle explique à VOA Afrique que "dans les camps la situation est difficile. on n’a pas assez à manger, les enfants ont faim ou ont de la diarrhée. On les amène au centre pour les soigner et on leur prescrit des aliments riches mais les parents ne peuvent pas payer. La vie au village c’était mieux."
La période de soudure qui s’annonce devrait correspondre à une augmentation du nombre de cas de malnutrition. Une saisonnalité à laquelle les médecins de Diffa sont habitués depuis plusieurs années d’insurrection de Boko Haram.