En dépit des tirs de semonce d'usage, "l'embarcation à moteur qui transportait 58 migrants dissimulés sous une bâche a effectué une manœuvre hostile ce qui a poussé le bateau garde-côte à tirer sur ordre de son commandant", a précisé cette source militaire à l'AFP sous couvert de l'anonymat.
Un des migrants a été blessé à l'épaule lors de cette opération menée dans la nuit de mardi à mercredi sur la côte Atlantique, au sud du détroit de Gibraltar. Il a été transféré à l'hôpital de Tanger (nord), selon la même source. Le blessé serait un mineur de 16 ans, selon la radio-télévision 2M, qui cite une source militaire.
Les autres migrants, des femmes et des hommes de tous âges, ont été ramenés à terre et remis à la gendarmerie, selon la source militaire jointe par l'AFP.
Plus de 43.000 migrants ont gagné l'Espagne depuis le début de l'année, dont plus de 38.000 par voie maritime, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Au cours du seul week-end dernier, plus de 1.800 migrants qui tentaient de traverser la Méditerranée ont été secourus par les garde-côtes marocains ou espagnols.
Le flux semble se déplacer vers l'Atlantique: depuis mardi, la Marine marocaine a porté assistance à 15 embarcations pneumatiques en difficulté et ramené 366 candidats à la migration au port de Ksar Sghir (sud de Tanger), selon l'agence de presse marocaine MAP citant une source militaire.
Mercredi, les 86 passagers marocains d'une embarcation en difficulté, à la dérive, ont été récupérés par les garde-côtes marocains au large de Moulay Bouselham, toujours au sud de Tanger, selon la même source.
- Réunion restreinte -
Le 25 septembre, une opération de la marine marocaine contre une embarcation rapide dite "Go-Fast" en Méditerranée, avait coûté la vie à une jeune Marocaine et fait trois blessés. Face à l'émotion suscitée par ce décès, les autorités avaient justifié les tirs en invoquant les "manœuvres hostiles" du navire et en soulignant que les migrants étaient dissimulés sous des bâches.
De plus en plus de Marocains tentent de quitter leur pays pour gagner l'Europe, par la mer ou en franchissant les clôtures séparant le Maroc des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Le royaume est aussi un pays de transit pour des milliers de migrants originaires d'Afrique subsaharienne.
Le Maroc a été invité cette semaine à participer à une réunion restreinte des ministres de l'Intérieur des six plus grands pays de l'Union européenne (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Pologne et France) organisée à Lyon (France) sur la question des migrations.
Cette rencontre, qui a mis en lumière les divisions des Européens sur le sujet, visait à préparer une réunion des ministres de l'Intérieur des 28 vendredi à Luxembourg et un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement fin octobre.
L'Espagne soutient activement les demandes d'aide formulées par le Maroc face à une pression accrue depuis la fermeture progressive des routes migratoires en Méditerranée orientale (Turquie-Grèce) et centrale, via la Libye (ou la Tunisie) et l'Italie.
Avec AFP