Dans un entretien avec Mme Keita, nous avons abordé la question de la représentation des femmes dans les instances de décision. Plusieurs pays d’Afrique ont adopté des systèmes de quotas au sein de leurs gouvernements et parlements.
Pour l’heure, la Guinée compte seulement quatre femmes dans un gouvernement de 30 ministres. La ministre a toutefois assuré que des efforts sont en cours, basés sur le principe de la parité hommes/femmes.
Voici un extrait de l’entretien:
Dr. Diene Keita: Au sein de tous nos ministères, chacun d'entre nous a fait l'effort maximum pour recruter encore plus de femmes.
VOA: Donc vous avez un système de parité au sein même de votre ministère?
D. Keita: Absolument. Bon, il y a des cadres qui sont là, que l'on n'allait pas enlever, mais parmi tous les nouveaux cadres qu'on a amenés, effectivement, cela a été fait de manière paritaire, et en tenant compte aussi de la jeunesse. Je suis très fière de mon cabinet, où j'ai mis des jeunes gens et des jeunes femmes. J'en ai même de moins de 30 ans.
VOA: Quels sont les obstacles que vous rencontrez en tant que femme?
D. Keita: Il y en a beaucoup, il faut le reconnaitre... Mais on n'arrive pas à ce niveau de fonction sans avoir la carapace un peu dure. Donc, quand on tombe, ou quand on est secoué, on se relève avec dignité et on avance, mais on a aussi la coopération et la collaboration des autres collègues. Quand il y a des missions un peu dures, on n'y va pas seul, on y va en groupe pour les différents secteurs.
Moi, je suis ministre de la Coopération et de l'Intégration africaine, donc mon travail aussi, c'est de mettre en avant le travail remarquable que font mes collègues sectoriels afin de mobiliser pour eux.
Donc, la difficulté ne se sent pas telle quelle, comme je dis, j'ai 30 ans d'expérience derrière moi et j'ai travaillé dans toutes sortes de conditions… On n’est jamais vraiment blindé, mais assez pour se rendre compte que, quand on tombe, on se relève et on continue le combat.
VOA: Dans votre ministère, avez-vous des programmes qui s'adressent en particulier aux femmes?
D. Keita: Oui, absolument. Nous avons énormément de programmes qui s'adressent aux femmes, surtout avec l'organisation sous régionale Cédéao. Nous en avons également avec l'Union Africaine. Nous en avons aussi avec la Mano River ; mais avec les donateurs occidentaux, vous savez, on mobilise également beaucoup d'argent en faveur des femmes pour la Guinée, et je crois que cela est vraiment remarquable…
Je voudrais signaler une chose ici: on est peut être que quatre femmes (ministres) mais avec des portefeuilles importants. Une est ministre de l'Agriculture, une autre est ministre du Plan et du Développement économique, la troisième est ministre de l'Action sociale et de la famille, et moi de la Coopération. Ce sont des portefeuilles énormes, où, si nous faisons la différence, nous contribuerons à cette image remarquable de femmes au travail.
VOA: Auriez-vous un mot à dire sur les femmes en Guinée, sur la vie qu'elles mènent, les efforts qu'elles fournissent pour nourrir la famille, notamment les femmes chefs de famille?
D. Keita: Elles sont remarquables, toutes, dans les différentes catégories. Vous savez, quand on parle d'éducation aujourd'hui, toutes n'ont pas été à l'école, mais elles ont le sens de l’entreprenariat, une grande capacité de survie, à faire vivre leur famille. Et c'est cela qui fait la force de ce pays, parce qu'elles n'abandonnent jamais. Et elles sont, depuis l'histoire, battantes, et je crois que s’il y a quelque chose qui fonctionne bien en Guinée, c'est cette voix des femmes. Quand il faut parler, elles ne s'inquiètent pas, elles parlent, et elles défendent leur cause.