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La mort de Zawahiri, un coup de pouce pour Joe Biden


"J'ai promis au peuple américain que nous continuerions à mener des opérations antiterroristes efficaces (...). C'est exactement ce que nous avons fait", a déclaré Joe Biden.
"J'ai promis au peuple américain que nous continuerions à mener des opérations antiterroristes efficaces (...). C'est exactement ce que nous avons fait", a déclaré Joe Biden.

Près d'un an après la débâcle du retrait américain d'Afghanistan, un Joe Biden au plus bas dans les sondages a balayé les critiques pour annoncer la mort du chef d'Al-Qaïda dans une opération menée à Kaboul et tenter de se relancer sur la scène politique intérieure.

"Quand j'ai mis fin à notre mission militaire en Afghanistan il y a presque un an, j'ai décidé qu'après 20 ans de guerre, les Etats-Unis n'avaient plus besoin de milliers de bottes sur le terrain", a déclaré M. Biden à la nation lundi soir en annonçant la mort d'Ayman al-Zawahiri. "J'ai promis au peuple américain que nous continuerions à mener des opérations antiterroristes efficaces (...). C'est exactement ce que nous avons fait", a-t-il ajouté.

Ayman al Zawahiri tué: "Justice a été rendue"
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Annoncer la mort de dirigeants jihadistes est devenu un rituel à la fois sombre et hautement politique pour les présidents américains depuis les attaques du 11 septembre 2001. Lorsque Barack Obama, connu pour ses talents d'orateur, avait révélé l'opération ayant tué Oussama ben Laden dans sa maison au Pakistan, des Américains étaient descendus dans la rue en scandant "USA!".

Donald Trump avait lui fait usage d'un langage imagé pour annoncer en 2019 la mort en Syrie du chef du groupe Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi et se poser en homme fort. "Il est mort comme un chien", avait-il lâché.

M. Biden, que le Covid contraint à l'isolement, a prononcé son allocution depuis un bruyant balcon de la Maison Blanche, avec les sirènes de police de Washington en fond sonore.

Presque un an après le retrait chaotique des troupes américaines d'Afghanistan, le président démocrate est fortement impopulaire. L'annonce de la mort de Zawahiri vient donc à point nommé pour un chef de l'Etat cherchant à inverser la tendance.

Tout en se gardant de se montrer triomphaliste, M. Biden a noté que le chef d'Al-Qaïda avait été sur la liste des personnes recherchées "pendant des années sous les présidents Bush, Obama et Trump".

Sous-entendu: le pays est entre de bonnes mains sous Biden. "Peu importe le temps que cela prendra, peu importe où vous vous cachez, si vous êtes une menace pour notre peuple, les Etats-Unis vous trouveront et vous élimineront", a lancé M. Biden.

Trop tôt pour se réjouir?

A gauche comme à droite, les détracteurs du retrait d'Afghanistan l'avaient considéré comme un spectacle humiliant pour les Etats-Unis qui allait en plus refaire du pays un foyer de groupes jihadistes anti-américains, comme au moment du 11-Septembre.

Joe Biden a soutenu, lui, qu'il avait eu le courage de mettre fin à une guerre ratée et qu'il n'y aurait tout simplement jamais de fin nette à la débâcle.

Répondant aux sceptiques, il avait également promis que la capacité à mener des opérations pensées et organisées depuis les Etats-Unis, sans avoir besoin de troupes sur place, signifiait qu'il ne serait plus nécessaire de risquer des vies américaines.

Avec la mort de Zawahiri, Joe Biden a une opportunité en or pour assurer qu'il avait raison. Et des louanges ont même fusé du côté des conservateurs. Un présentateur de la chaîne Fox News, pourtant le plus souvent hostile au président, a ainsi qualifié l'opération d'"immense victoire pour les Etats-Unis".

Certains experts avertissent toutefois qu'il ne faut pas se réjouir trop vite. James Jeffrey, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Irak maintenant président du programme Moyen-Orient du Wilson Center, a certes applaudi une opération démontrant "d'excellents renseignements, une capacité de frappe opérationnelle et de prise de décision".

Mais cette expertise ne pourra pas effacer le "chaos" du retrait de l'année dernière, que M. Jeffrey a imputé à une mauvaise coordination et au fait que M. Biden a "entravé" son personnel en refusant d'accepter qu'il pourrait y avoir des inconvénients à se retirer – ou de se préparer à ces problèmes.

Nathan Sales, un autre ancien diplomate qui travaille au centre de recherche Atlantic Council, a jugé que la simple présence de Zawahiri à Kaboul était un échec pour les Etats-Unis, suggérant que "comme on le craignait, les talibans accordent une fois de plus refuge aux dirigeants d'Al-Qaïda".

Et il est trop tôt pour dire si cette frappe de drone, même spectaculaire, "peut être reproduite contre d'autres cibles terroristes", a-t-il déclaré. "Jusqu'à ce que nous en sachions plus, nous devons résister à l'envie de voir la frappe comme une justification du contre-terrorisme" mené depuis l'étranger, a-t-il plaidé.

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