Pour remplir les réservoirs de leurs motos, les islamistes de Boko Haram sont contraints de fabriquer leur propre carburant de fortune, les opérations de l'armée ayant coupé leurs lignes de ravitaillement.
Selon un haut responsable militaire, les islamistes payaient à prix d'or leurs bidons d'essence tandis qu'une ancienne otage de Boko Haram rapporte qu'ils ont mis au point un biocarburant à base d'huile d'arachide.
Entre 222 et 311 euros pour un bidon de 25 litres
"Boko Haram achetait de l'essence à des prix exorbitants, ce qui incitait de nombreux jeunes hommes à prendre des risques pour leur en apporter et en tirer un bénéfice très avantageux", a expliqué à l'AFP le militaire basé à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno (nord-est).
"Depuis qu'on a identifié et arrêté ces revendeurs et qu'on a coupé les routes qu'ils empruntaient, Boko Haram est en grande difficulté", a-t-il poursuivi.
Les revendeurs, voulant tirer le plus grand profit de ce besoin de carburant, pouvaient demander entre 50.000 et 70.000 nairas (entre 222 et 311 euros) pour un bidon de 25 litres, qui coûte normalement 11,5 euros, a ajouté de son côté Ya-Mairam Ya-Malaye, ancienne otage des islamistes, enlevée en 2014 avec d'autres femmes et qui s'est échappée la semaine dernière.
Cependant, le risque de se voir pris dans des bombardements aériens de l'armée sur les positions de Boko Haram a eu un effet dissuasif sur les revendeurs d'essence.
"C'était un commerce très lucratif pour les vendeurs", a indiqué Babakura Kolo, membre d'une milice citoyenne qui se bat à Maiduguri aux côtés des militaires contre les islamistes et qui a contribué à la répression du trafic d'essence.
"On s'est occupés d'eux et Boko Haram souffre de pénurie car ils ne sont plus ravitaillés", a-t-il ajouté.
Raids à cheval, à vélo ou à pied
En janvier 2015, le Nigeria et ses voisins, le Cameroun, le Niger et le Tchad, ont lancé une vaste offensive contre Boko Haram, regagnant ainsi des bandes de territoire conquises en 2014 par les islamistes.
Selon le président nigérian Muhammadu Buhari les rebelles, dont l'insurrection a déjà fait 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009, ne sont plus en mesure de mener une guerre conventionnelle.
Auparavant habitués à attaquer à bord de pick-up équipés de mitrailleuses lourdes, les insurgés lancent désormais des raids sur des villages reculés à cheval, à vélo ou même à pied.
Selon l'ancienne otage Ya-Mairam Ya-Malaye, en mélangeant grossièrement du sel et de l'huile d'arachide, les islamistes ont élaboré un biocarburant pour leurs motos, leur permettant de mener des attaques depuis leurs bastions nichés dans la forêt de Sambisa, dans le nord-est du Nigeria.
"Ils confisquent les arachides aux agriculteurs dans les villages de Sambisa et des alentours. Puis ils les pilent pour en extraire l'huile et y ajoutent du sel pour la transformer en carburant", a-t-elle expliqué de retour à Maiduguri.
Mme Ya-Malaye, une mère de huit enfants âgée de 57 ans, avait été enlevée dans la ville de Bama, dans l'Etat de Borno, et conduite dans la forêt de Sambisa. Otage, elle a été transférée de camp en camp alors que l'armée progressait dans l'ancienne réserve animalière à la poursuite des islamistes.
Selon elle, les combattants ne peuvent plus que difficilement accéder aux revendeurs d'essence de Maiduguri ou venant de villes du Cameroun frontalières en raison des opérations de l'armée et du renforcement de la sécurité aux frontières.
Avec AFP