La Cour suprême, saisie par l'opposition, a annulé début septembre le scrutin du 8 août, relevant de nombreuses irrégularités dans la transmission des résultats, estimant que l'élection n'était "ni transparente, ni vérifiable" et accablant l'IEBC pour sa gestion du scrutin.
L'opposition a conditionné sa participation à la nouvelle élection au remaniement en profondeur de l'IEBC et à l'octroi des contrats sur le matériel électoral à de nouveaux fournisseurs. Elle a également lancé fin septembre une "campagne pacifique" contre l'IEBC avec des manifestations qui ont pour l'heure une ampleur limitée.
A Kisumu, un bastion de l'opposition et troisième ville du pays, située sur les rives du lac Victoria, quelque 500 manifestants ont érigé des barricades et mis le feu à des pneus avant d'être dispersés à l'aide de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre, qui ont également tiré des coups de semonce et distribué de violents coups de bâton.
"Nous ne cesserons de manifester que lorsque Chiloba sera évincé", a lancé Hillary Ojwang, un de ces manifestants, en référence au directeur exécutif de l'IEBC, Ezra Chiloba, dont l'opposition réclame le départ.
Dans le centre de Nairobi, les forces de l'ordre ont joué au chat et à la souris avec les manifestants, qu'ils dispersaient à l'aide de gaz lacrymogènes dès que ceux-ci formaient des groupes d'une vingtaine de personnes, selon une journaliste de l'AFP.
Dans la ville portuaire de Mombasa, un rassemblement d'environ 500 partisans de l'opposition s'est déroulé dans le calme.
Depuis l'invalidation le 1er septembre de la réélection du sortant Uhuru Kenyatta avec 54,27% des voix, contre 44,74% à Raila Odinga, pouvoir et opposition sont engagés dans une surenchère rhétorique illustrant la profonde défiance existant entre le deux camps.
Le gouvernement a exclu tout remaniement en profondeur de l'IEBC, qui a conclu jeudi un nouvel accord avec la société française OT Morpho, fournisseur des systèmes de transmission électronique des résultats et de reconnaissance biométrique des électeurs, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la Commission électorale Andrew Limo.
Jeudi, le parti au pouvoir de M. Kenyatta, 55 ans, a par ailleurs enclenché un processus législatif accéléré pour amender la loi électorale afin d'en gommer les "lacunes", l'opposition estimant que ces modifications reviendraient à rendre légales "les irrégularités et illégalités" soulevées par la Cour suprême dans son jugement.
Avec AFP