La police a dispersé samedi à N’Djamena des rassemblements de la société civile et de l'opposition pour réclamer l'alternance politique lors de la présidentielle d'avril, après plus de 30 ans de pouvoir aux mains d'Idriss Déby Itno, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les manifestations, à l'appel notamment de l'opposant historique Saleh Kebzabo et du jeune militant Succès Masra, ont rassemblé peu de monde dans les rues de la capitale N'Djamena en raison d'un important dispositif policier.
Des manifestants ont brûlé quelques pneus dans certains quartiers de la capitale avant d’être rapidement dispersés par la police.
Les autorités ont interdit vendredi les rassemblements, évoquant le risque "de troubles à l'ordre public".
M. Kebzabo, opposant historique à M. Déby, qui a retiré sa candidature à la présidentielle du 11 avril en dénonçant un "climat d'insécurité", a été empêché de prendre part à une manifestation dans le centre-ville, et contraint de rentrer à son domicile, ont indiqué à l'AFP des proches de l'opposant.
Le secrétaire général de la Convention tchadienne pour les droits de l'Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ahmed Ibedou, a été arrêté alors qu'il participait à une manifestation, a affirmé à l'AFP Abbas Al-Hassan, secrétaire de la CTDDH.
Le siège du parti Les Transformateurs de Succès Masra, jeune opposant de 38 ans qui avait appelé à des manifestations samedi et dont la candidature à la présidentielle a été invalidée par la Cour suprême car il n'a pas atteint l'âge de 40 ans, a été encerclé par la police.
Le pouvoir est accusé, en particulier ces derniers mois, de réprimer toute opposition en interdisant les rassemblements de partis ou de mouvements de la société civile qui réclament "une alternance au pouvoir".
Les rassemblements, présentés comme "pacifiques", de l'opposition et de la société civile réclamant le départ du maréchal Déby -qui dirige le pays d'une main de fer depuis son coup d'Etat en 1990-, ont été systématiquement interdits et violemment dispersés.
Le 28 février, une tentative d'arrestation par des militaires et policiers de l'opposant et candidat Yaya Dillo Djerou, s'était soldée par la mort de trois personnes, dont sa mère et deux soldats selon un bilan officiel. M. Djerou a pris la fuite et la Cour suprême a invalidé sa candidature quelques jours plus tard.
Les rivaux les plus farouches de M. Déby invalidés ou s'étant retirés de la course, ce seront donc cinq candidats, sur les 16 qui avaient annoncé leur participation initiale, qui affronteront le maréchal le 11 avril.
Ces cinq candidats sont Félix Nialbé Romadoumngar, Albert Pahimi Padacké, Théophile Yombombe Madjitoloum, Baltazar Aladoum Djarma et, première femme candidate à la présidentielle de l'histoire du Tchad, Lydie Beassemda.