"Le gouvernement devait agir avant que la situation ne soit hors de contrôle, après avoir averti à de nombreuses reprises que les gens ne devaient pas se servir de la religion pour ne pas respecter les lois", a déclaré la présidence dans un communiqué.
Au moins six manifestants, un journaliste et un policier ont été tués lundi dans des violences qui ont éclaté pendant une marche organisée par l'IMN pour obtenir la libération de son leader Ibrahim Zakzaky.
Samedi, le journal Punch a affirmé qu'un tribunal d'Abuja avait autorisé le gouvernement à interdire le mouvement pour "terrorisme et activités illégales".
"L'interdiction du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) n'a rien à voir avec l'interdiction aux nombreux chiites pacifiques et respectueux de la loi dans le pays de pratiquer leur religion", précise la présidence. Elle "vise à décourager la violence gratuite, le meurtre et la destruction volontaire de biens publics et privés".
Selon la présidence, "des extrémistes qui ne croient pas aux manifestations pacifiques et utilisent au contraire la violence et les incendies criminels ont pris le contrôle" de l'IMN, "semant la peur et sapant les droits des autres ainsi que des autorités constituées".
Les autorités doivent faire paraître l'ordonnance du tribunal au journal officiel et dans deux journaux pour qu'elle entre en vigueur, selon Punch.
L'IMN, né en tant que mouvement étudiant en 1978 avant de muer en groupe révolutionnaire inspiré par la révolution islamique en Iran, est aujourd'hui encore proche de Téhéran et suscite une grande hostilité au Nigeria, où l'élite musulmane sunnite ne cache pas ses affinités avec l'Arabie saoudite.
Son chef Ibrahim Zakzaky est détenu depuis décembre 2015 après que des violences avaient éclaté pendant une procession religieuse. L'armée avait tiré, faisant plus de 350 morts, pour la plupart des chiites non armés, selon des organisations de défense des droits humains.
Avant l'annonce de la présidence, un haut responsable de l'IMN, Yahiya Dahiru, a condamné dimanche la décision du tribunal, la qualifiant de "développement dangereux", au cours d'une conférence de presse à Abuja.
"Vous ne pouvez jamais stopper une idéologie, vous ne pouvez jamais stopper une idée, vous ne pouvez jamais stopper notre religion", a-t-il lancé, soulignant que les manifestations ne cesseraient pas tant que Zakzaky ne serait pas libéré.
Ces derniers mois, des violences ont éclaté à plusieurs reprises lors des marches quasi quotidiennes de l'IMN dans la capitale, alors que l'état de santé de Zakzaky soulève de plus en plus d'inquiétude.
Fin octobre, des partisans de l'IMN avaient manifesté en masse à Abuja et la répression violente de la manifestation avait fait 47 morts, selon l'IMN et les observateurs, six selon les autorités.
La police nigériane a promis cette semaine de réprimer les "manifestations violentes" du mouvement et une forte présence des forces de sécurité était visible dans la capitale.
Zakzaky et sa femme Zeenah Ibrahim sont en détention bien qu'un tribunal fédéral ait ordonné en 2016 leur remise en liberté.
Le gouvernement a refusé et a lancé de nouvelles poursuites pénales, notamment pour homicide volontaire, un crime susceptible d'être sanctionné par la peine de mort.
Avec AFP