Le président du Cameroun, Paul Biya, a eu 88 ans samedi. Il a déjà passé quasiment 39 ans à la tête de l’Etat. Deuxième président de la république après Ahmadou Ahidjo, sa longévité au pouvoir fait toujours débat au fil des décennies.
Cette année, pour son 88ème anniversaire, le président apparait dans un costume sombre devant un gâteau, aux côtéx de son épouse Chantal Biya, de quelques membres de sa famille restreinte et de l’ex-vedette de tennis Yannick Noah.
"Dure au pouvoir qui peut"
Elu en 2018 pour 7 ans, Paul Biya aura 92 ans à la fin du mandat en cours. Le 6 novembre prochain, cela va faire 39 ans qu’il dirige le Cameroun. Dans son style habituel, énigmatique à souhait, le concerné s’est exprimé à de rares occasions sur ces longues années d’exercice du pouvoir.
"Ne dure au pouvoir qui veut, mais dure au pouvoir qui peut", avait-il répondu il y a 5 ans face à un journaliste lors de la visite de l'ex-président français François Hollande au Cameroun. "Je ne suis pas à la tête d’un Etat par la force, j’ai toujours été élu démocratiquement par le peuple", avait-il ajouté.
Lors de la célébration du 88ème anniversaire de M. Biya, un millier de jeunes partisans ont été mobilisés pour prendre part à une célébration organisée au palais des sports de Yaoundé, la capitale.
"La jeunesse camerounaise est fière d’avoir un père comme son excellence Paul Biya à la tête du Cameroun", se réjouit l’un d’eux. "Si on laisse seulement les jeunes gérer, que deviendra le Cameroun ? La vie c’est pour des personnes responsables", ajoute Simon Pierre Amougui, qui a pris part aux festivités.
Un trop long bail?
D’autres Camerounais déplorent ce long bail d’un seul individu au palais présidentiel. D'autres dénoncent le fait que la plupart des hautes fonctions de l’Etat sont concentrées entre les mains des personnes âgées de plus de 70 ans, alors que la jeunesse représente près de la moitié de la population du pays.
"Il y a des signes de lassitude qui sont davantage constatés", observe un jeune employé du secteur privé qui a préféré l'anonymat. "Le peuple, qui est aujourd’hui éduqué et voit ce qui se passe ailleurs, commence à théâtraliser le changement", ajoute-t-il.
Depuis son accession à l’indépendance en 1960, le Cameroun n’a connu que deux présidents.
Dans les arcanes du pouvoir, l’évocation d’une éventuelle alternance reste un tabou. En 2018, l'ambassadeur américain Henry Peter Balerin s'était attiré de vives critiques pour avoir osé en parler.